Le quotidien ? C’est tous les jours !

C’est à peine une lapalissade, c’est plutôt la peinture de la vie qui attend le plus grand nombre tous les matins dès le réveil.

Cela concerne toutes les activités répétitives qui assurent notre survie : se lever, manger, boire, se laver, travailler, tenir la maison, s’occuper des enfants, lire, un peu se divertir, se coucher, et recommencer le lendemain. En 68, il y avait une formule célèbre pour ceux qui le subissaient à contrecœur : « métro, boulot, dodo ».

Cela sous-entendait une volonté d’échapper à la routine, au répétitif, aux habitudes, voire aux obligations, volonté aussi de fuir la banalité, la grisaille, la monotonie, la médiocrité… oublier les petits tracas, les petits ennuis, pour laisser place à un peu de rêve, un peu de fantaisie, à l’imaginaire, pour se sentir moins esclave de ce quotidien asphyxiant ! Cela demandait d’être capable d’avoir une réflexion sur le sens de l’existence, de s’investir dans un projet, d’apprendre à vivre le présent, d’essayer de sortir du rang, relativiser l’argent, s’autoriser un peu d’utopisme, seuls moyens d’échapper au stress, voire à la dépression, ou la névrose ! Personnellement à cette époque je ne voulais plus entendre le leitmotiv de ma mère : « quand on n’a pas ce qu’on aime, il faut aimer ce qu’on a ».

50 ans après, l’évolution socio-économique fait que beaucoup aimeraient appliquer la formule, cela voudrait dire au moins qu’ils ont un boulot, les moyens de prendre le métro, et un endroit sécurisé pour dormir. Je peste contre mon quotidien que le Covid a plombé. De confinement en mesures barrière, sur fond de peur de danger mortel, la routine est devenue de plus en plus pesante, laissant la place à une vie décolorée, avec une odeur de déprime ! C’est de ma part un égoïsme sans mesure, car beaucoup souhaiteraient avoir mon quotidien qui a le mérite au moins d’être assuré !

Ce n’est pas le cas d’une mère célibataire, par exemple, dont 45 % des revenus servent à payer le loyer, et qui doit déployer des trésors d’ingéniosité sur le budget alimentaire pour ne pas être déficitaire à la fin du mois !

Ce n’est pas le cas non plus d’un SDF que les coups du sort, perte de travail, divorce, séparation, ont amené à la rue, qui avec le RSA de 575,52 € a le luxe de s’offrir cinq nuits d’hôtel par mois, mais les autres nuits il les passe dans un refuge quand il en a trouvé un. Refuge qu’il doit quitter dès le matin, pour partir dans une journée de galère… attendre le soir pour retourner au refuge au mieux, au pire, chercher un coin tranquille à l’abri, sur ses cartons dans son duvet !

Ce n’est pas vivre, c’est survivre !

Pas drôle non plus le quotidien d’un étudiant, avec une bourse de 573 € (maximum), et peut-être un secours exceptionnel du CROUS pour mener de front études et petits boulots, pointant au Secours populaire ou aux restos du cœur, se contentant souvent d’un repas par jour, ne comptant plus les heures de travail universitaire ! Celui-là au moins a de l’espoir dans l’avenir !

Alors oui le quotidien n’est pas le même pour tous, mais pour chacun c’est un piège dont il faudrait pouvoir s’échapper pour donner du goût à la vie 

L’invitée du dimanche