Le clasico

Le débat de l’entre-deux tours ce soir à la télévision aura un arrière-goût de « déjà-vu », et pour cause. Tout d’abord parce que cette confrontation, qui n’est pas obligatoire, est devenue incontournable depuis sa première édition en 1974 entre Valéry Giscard d’Estaing et François Mitterrand, mais aussi parce que ce sera le match revanche entre les deux protagonistes de 2017, qui vont s’affronter une deuxième et, espérons-le, dernière fois. Car cette affiche, Emmanuel Macron versus Marine Le Pen, ne fera sans doute pas rêver dans les chaumières, notamment ceux qui ont déjà donné pour la première édition.

À part les éditorialistes politiques, qui sont tenus de visionner en direct cette confrontation dont on a tout dit avant même qu’elle se déroule, le débat ne fera pas saliver grand monde, tant les positions et les arguments sont déjà connus. Ce qui intéresse éventuellement les Français, c’est de savoir qui va remporter le match, tout en sachant que l’élection ne se joue pas exclusivement sur cette soirée électorale. En 2017, Marine Le Pen s’était pratiquement sabordée elle-même, de l’avis de tous les spécialistes et celui du public, comme elle l’a reconnu immédiatement. Si l’on poursuit dans la métaphore footballistique que vous avez déjà identifiée, malins comme vous l’êtes, on peut dire qu’elle avait marqué des buts, mais contre son camp. Finalement, le match n’avait fait que confirmer et amplifier une avance d’Emmanuel Macron au tableau d’affichage de la rencontre. Cette fois-ci, le match sera plus serré si l’on en croit les instituts de sondages, mais le plus vraisemblable c’est que les supporters de l’une et de l’autre des équipes en présence se trouvent renforcés dans leurs convictions. Le score sera sans doute proche d’un zéro à zéro tristounet, en application d’un adage qui veut que si l’on ne peut pas gagner, il faut savoir ne pas perdre.

Le vrai clasico français, celui qui oppose les équipes de l’Olympique de Marseille et du Paris Saint-Germain, en référence au clasico espagnol entre Madrid et Barcelone, s’est déroulé il y a peu et a délivré un match assez insipide et peu spectaculaire. Mais en foot comme en politique, on espère toujours que la rencontre suivante sera plus palpitante. Et ce soir, les amateurs de football hexagonal devront choisir entre le débat présidentiel et des rencontres décisives dans la course au titre que se disputent Paris et Marseille. Un électeur insoumis, supporter de l’OM, confiait à une chaîne d’information continue hier soir qu’il regarderait le match de son équipe contre Nantes en direct, et le débat, en différé. La grande différence entre les deux confrontations, c’est précisément que le résultat de la présidentielle ne sera annoncé que dimanche soir prochain. À part quelques spécialistes, le public ne s’intéresse pas au jeu quand le score est déjà connu. Il se contentera dans un cas comme dans l’autre de revoir les buts et les petites phrases assassines.