Le pouvoir du peuple
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 18 avril 2022 10:39
- Écrit par Claude Séné
La France vit en démocratie, et nous ne pouvons que nous en réjouir, ne serait-ce qu’en observant les conséquences d’un exercice du pouvoir par un seul homme soutenu par des groupes de pression qui y trouvent leur intérêt. Suivez mon regard vers un dictateur qui a réussi à faire croire à sa légitimité et qui essaie actuellement d’étendre son empire sur les territoires voisins qu’il considère comme sa propriété au nom d’une Histoire revisitée à son profit. Les mots ayant un sens, celui de démocratie est relativement transparent du fait de son étymologie : dêmos veut dire peuple en grec et kratos désigne le pouvoir.
Elle s’oppose tout naturellement à l’oligarchie, qui désigne une forme de gouvernance où le pouvoir est détenu par un petit groupe, ou à la tyrannie, le pouvoir absolu d’un seul homme sur l’ensemble de la société. Le prototype de ce genre de pouvoir personnel est souvent un régime conquis par la force, celle d’un coup d’État, se substituant au pouvoir légitime. Une fois que l’on a décrété que le pouvoir provient du peuple, nous ne sommes pas tirés d’affaire pour autant. Il reste à définir comment il pourra l’exercer. Dans notre système électoral, le président de la République est la personne qui dirige le pays sur la base d’un programme qu’il ou elle présente au peuple souverain. Si le fondateur de la 5e république, le général de Gaulle, a parfois réuni sur son nom un consensus assez large, au-delà de la moitié des opinions, il n’en va plus de même pour ses successeurs. En 2017, le candidat Macron n’avait obtenu que 24 % des suffrages exprimés au premier tour, et le prochain président ou la prochaine présidente ne pourra se targuer du soutien réel que d’un quart des citoyens en âge de voter.
Sans compter qu’un programme présidentiel ne se découpe pas en tranches. Il est à prendre ou à laisser, en bloc. Pas de place pour les nuances ou pour le soutien différencié selon les sujets. D’autant que la tradition veut que le peuple désigne des représentants à l’Assemblée nationale majoritairement favorables au président, quel qu’il soit. La France s’est inspirée d’une pratique des États-Unis, par laquelle, dans certains états, le vainqueur « ramasse tour ». Le parti républicain ou le parti démocrate, avec la moitié des suffrages plus une voix, remporte la totalité des représentants de l’état au Congrès. Voilà déjà pas mal d’années que le constat a été fait que la démocratie formelle que constitue la démocratie représentative ne répond pas aux exigences d’une société moderne et déçoit les populations. L’abstention en est un symbole évident. Les deux qualifiés pour le 2e tour se sont prononcés en faveur d’une dose accrue de proportionnelle. Ce serait déjà ça. Le chemin est encore long pour une 6e république où le peuple, guidé par la liberté, pourrait réellement exercer un pouvoir éclairé.