Des egos pas égaux
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le dimanche 17 avril 2022 10:14
- Écrit par L'invitée du dimanche
Depuis que Descartes a exprimé sa certitude de sujet pensant « cogito ergo sum », le concept de l’ego est resté un sujet important de la psychologie.
Pour faire simple, l’ego c’est la représentation, la conscience que l’on a de soi-même. Pour Sartre, l’ego est l’objet de la conscience, c’est moins ce que je suis que ce que je crois être.
Chacun vit avec cette illusion mentale, un fantasme, et reste un phénomène normal, classique, agissant avec un ego positif (on se raconte qu’on est quelqu’un de supérieur) un ego négatif (on se raconte qu’on est une personne qui n’est pas à la hauteur) dans les deux cas, on vit à travers une identification de soi, une projection à travers des pensées, on a un ego démesuré ou « décompensé ».
Après cette campagne électorale, où 12 candidats se sont estimés dignes de la fonction présidentielle pas seulement en se rasant, on peut s’interroger sur leur ego ! Juppé quand il était candidat déclarait « l’homme politique a un ego surdimensionné. Si l’on croit qu’on peut faire quelque chose pour son pays, c’est qu’on a un ego supérieur à la moyenne. »
Qu’est-ce qui anime donc l’aspirant président ?
Il se prend pour une personne plus importante et valeureuse que les autres, il fait grand cas de sa personne, il est capable d’utiliser les autres à son profit… enflammer les foules, faire vibrer un auditoire, susciter les applaudissements, provoque une adrénaline « shoot de pouvoir » son ego doit être suffisamment solide pour affronter les vicissitudes de la politique, les coups, les attaques, les trahisons. Sa haute conscience de lui-même lui donne le sentiment de ne devoir rendre compte qu’à l’histoire. Il est coutumier de discours d’autosatisfaction. Le champ politique est de plus en plus un affrontement entre des personnalités, on commente leurs ressources, leur expérience, leur tempérament, leur stature… c’est une bataille d’egos !
Macon déclarait : « de l’ego j’en ai comme tout le monde... Il vaut mieux dire du bien de soi plutôt que de dénigrer les adversaires… » « Tous les politiques s’aiment, mais lui il s’adore », dit Hervé Morin. La fonction présidentielle favorise le développement de l’ego.
Poussée à l’extrême, cette haute estime de soi peut conduire à un comportement antisocial, et développer paranoïa, narcissisme et mégalomanie. Poutine est un des exemples de dictateur, qui ne manque pas une occasion de prouver qu’il est le meilleur à travers des sports dont il change s’il le faut les règlements, prémices de sa capacité à bafouer les règles de démocratie internationale et de la guerre… Sans oublier Kim Jong Un qui se prend pour un dieu vivant, ou le dirigeant du Turkménistan Saparmyrat Nyyazov qui a développé à l’extrême le culte de la personne… la liste serait longue, de tous ces dirigeants anciens qui martyrisent leur peuple au nom de leur ego pathologique !
Nous n’en sommes pas tout à fait là, mais nous avons quand même des raisons de craindre pour notre démocratie, l’ivresse du pouvoir peut mener à gonfler des egos et si, comme le dit Einstein, « Il est très difficile d’espérer corriger les erreurs du passé avec ceux qui les ont créées » il reste toujours le dilemme de choisir entre le choléra et la peste, l’ancien ou la nouvelle dans 13 jours !
L’invitée du dimanche