Rapport qualité-prix
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 13 avril 2022 10:37
- Écrit par Claude Séné
Lorsque l’on veut réaliser un achat important, je ne sais pas, changer de voiture, acheter un appareil électroménager coûteux ou s’offrir un voyage, on a pris l’habitude de comparer les prix et les performances des produits dont on envisage l’achat, et l’Internet facilite beaucoup les rapprochements, notamment par l’existence de sites spécialisés dans ce domaine. Je suis frappé de la similitude avec la façon dont on présente les enjeux des élections, que ce soit pour les présidentielles ou les législatives à venir. Pratiquement aucune allusion aux idées directrices des candidats, ce que l’on appelait autrefois les valeurs.
Comme si toute idéologie avait disparu, et qu’il s’agissait d’un choix purement technique, entre deux marques plus ou moins réputées, plus ou moins efficaces, qui rendraient des services plus ou moins intéressants. Les Français sont invités à faire leur marché. Choisiront-ils leur président en fonction d’un SMIC à 1000 ou 1100 euros mensuels ? D’une retraite à 62 ou 65 ans ? Toutes choses importantes par ailleurs, mais qui devraient découler d’orientations plus générales. Il existe d’ailleurs un consensus des deux candidats qualifiés pour le deuxième tour à ce sujet. Emmanuel Macron et son clan continuent le procès en incompétence de Marine Le Pen, qui réplique en s’entourant d’experts et en retournant l’argument pour souligner les difficultés économiques du pays. C’est Valérie Pécresse qui accusait le président de « cramer la caisse », il s’empresse de dénoncer à son tour les dépenses démagogiques envisagées par sa concurrente pour se faire élire.
C’est quand même lui qui a cassé la boussole droite gauche en affaiblissant successivement les partis qui ont gouverné le pays depuis la fin de la 2e guerre mondiale. Il a ainsi fait monter mécaniquement les extrêmes, surtout à droite, et il fait semblant de pleurer sur le lait renversé en continuant à promettre des châteaux en Espagne, où l’on rasera gratis. Le résultat est une démobilisation de l’électorat, qui ne sait plus à quel saint se vouer, et qui risque, par dépit, de se porter sur le Rassemblement national, faute de mieux. En acceptant « la course à l’échalote » sur des mesures telles qu’une dose de proportionnelle aux élections, le président sortant banalise son adversaire et se laisse détourner de ce qui devrait être le sujet de la campagne : les idéologies défendues par l’un et par l’autre. Imaginez une critique d’Hitler portant uniquement sur la rentabilité des camps de concentration et de la solution finale. Toutes proportions gardées, les mesures sur la préférence nationale, telles que les défend Marine Le Pen, sont condamnables juridiquement et inacceptables moralement. Ses opinions sur la liberté de la presse, et l’ostracisation de certains journalistes tels que ceux de Quotidien en disent long également sur le caractère autoritaire du régime qu’elle souhaite pour la France. Voilà ce dont il faudrait débattre à l’heure du choix, à mon humble avis.