Une lueur d’espoir

Ce n’est pas encore le bout du tunnel en Ukraine, loin de là, mais si on lit entre les lignes les déclarations de l’adjoint du chef d’état-major russe, il est permis d’envisager le début d’un changement de stratégie de l’agresseur, qui pourrait être le prélude à des pourparlers en vue d’arrêter les hostilités. En annonçant que l’armée russe va se concentrer désormais sur la « libération » du Donbass et de l’est de l’Ukraine, il admet implicitement que l’objectif premier de conquérir la totalité du territoire ukrainien et d’y installer un pouvoir fantoche au service de Wladimir Poutine est désormais inaccessible.

Cette hypothèse est renforcée par les résultats sur le terrain. D’une part, l’armée régulière ukrainienne fait mieux que se défendre et a mené quelques contre-attaques avec succès, tandis que ses volontaires et la population elle-même mènent des opérations de résistance avec efficacité, d’autre part, l’armée russe est sans doute moins forte et moins bien organisée qu’on le croyait, ou que son chef l’imaginait. La Russie a reconnu officiellement la perte de 1351 soldats dans ces opérations qu’elle refuse toujours d’appeler une guerre, qui plus est, fratricide. À défaut de contrôler tout le pays, Poutine veut faire la jonction entre les provinces de l’Est, baptisées républiques autonomes, et la Crimée, annexée purement et simplement. Il pourrait renoncer à conquérir Odessa, en signe de bonne volonté. Même amputée d’une partie de son territoire, l’Ukraine pourrait survivre, mais on ignore jusqu’où Poutine peut aller si on lui laisse le champ libre.

En face, Emmanuel Macron tente de faire bonne figure et veut faire croire qu’il maîtrise la situation en annonçant une opération humanitaire conjointe avec la Turquie et la Grèce afin d’évacuer les 150 000 habitants de Marioupol, pris au piège dans leur ville en ruines. À ceci près qu’il ne peut pas mener à bien une telle manœuvre sans la bénédiction de la Russie, qui a déjà torpillé des accords de couloirs humanitaires pour évacuer les civils des principales villes encerclées. Macron va aussi prendre la tête d’une association de consommateurs européens formée en vue de faire des achats groupés de produits pétroliers afin d’obtenir de meilleurs prix. Ce n’est pas inutile, mais ô combien dérisoire en regard des enjeux géostratégiques du moment ! Macron va donc appeler Poutine pour la énième fois, en son nom propre, et en celui de l’Union européenne, pour maintenir la fiction d’une discussion d’égal à égal, bien utile en période électorale. Il doit pourtant avoir perdu ses illusions des premières rencontres, qui n’ont donné aucun résultat tangible. Le maître du Kremlin ne connait qu’une seule règle, celle du rapport de force. La chance du peuple ukrainien, c’est que Wladimir Poutine décide de prendre les bénéfices engrangés, pour éviter de saigner à blanc son économie, et se contente des conquêtes déjà acquises pour négocier un statu quo acceptable par les deux parties.