Coup bas
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 19 novembre 2021 10:32
- Écrit par Claude Séné
Le thème du jour devait être le harcèlement scolaire, et j’y reviendrai sûrement, car il mérite notre attention. Je regardais donc un reportage sur cette question dans une émission de BFMTV, où les lieux communs se succédaient gentiment, car le sujet, hélas, n’est pas nouveau. Alors que les intervenants ronronnaient à qui mieux mieux et que la somnolence me guettait, j’ai été pris en traitre par une attaque pour le moins inattendue, une charge virulente contre le service public en général, et l’éducation nationale en particulier, responsable de tous les maux, de la part d’une personne présentée comme « journaliste politique de BFMTV ».
Donc, il ne s’agissait pas d’une invitée, à qui l’on aurait pu pardonner une orientation et une liberté de ton sortant de la routine habituelle, mais bien d’une journaliste « maison » s’exprimant au nom de la ligne éditoriale de la chaîne, si tant est qu’elle soit définie clairement. Je résume son propos, pour la bonne compréhension de son intervention. Si les enfants sont harcelés, c’est à cause de la disparition des valeurs morales de l’école publique et de la société. Dans l’école que fréquentent ses propres enfants, un établissement privé hors contrat, précise-t-elle, on professe le respect des autres, plutôt que l’apitoiement sur soi, ce qui développe l’esprit de coopération, et je suppose, celui de charité. On y étudie également des textes moraux tels que les livres de la Comtesse de Ségur. Je vous jure que je n’invente rien. Pour faire bon poids, la chroniqueuse plaide au passage pour le port de l’uniforme, car, dit-elle, c’est un tout. Elle ne nous aura épargné que « l’école du diable », bien qu’il soit clair que l’école dont elle fait la promotion est confessionnelle. Je suggère au directeur de cet établissement de lui faire cadeau d’au moins un trimestre de frais de scolarité pour cette campagne de publicité gratuite.
Alors je n’aime pas dénoncer, mais là je me dois de cafter. Cette personne qui se dit journaliste et possède, je présume, sa carte de presse, n’est autre que Julie Graziani, que Wikipédia présente d’abord comme militante catholique traditionaliste, qui s’est illustrée notamment dans le mouvement de la Manif pour tous. Ses opinions n’ont donc rien de surprenant, mais il est choquant de les présenter comme des vérités révélées. Choquant également que l’on permette à une chroniqueuse d’exprimer ses préférences comme si elles émanaient de la station. Au point que l’animateur de l’émission, visiblement surpris lui aussi, ne savait pas comment se sortir de ce piège, et n’a donc rien dit, à part son étonnement. La plupart du temps, les intervenants s’efforcent de maintenir la fiction d’une sorte de neutralité. Le directeur de Paris Match, Bruno Jeudy, présent sur le plateau, n’affiche pas trop visiblement son soutien au président Macron, par exemple. Mais Julie Graziani profite sans vergogne de l’espace médiatique qui lui est offert pour développer ses thèses contestables, et se faire un peu de promotion au passage, tout en étant rémunérée. C’est quand même fort de café !