Le retour du bullshit

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Catégorie : Diabloguiste
Publié le jeudi 22 novembre 2018 10:45
Écrit par Claude Séné

On était sans nouvelles du patron des Républicains, qui semblait s’être astreint à une cure de silence après ses déclarations fracassantes devant les étudiants de l’école de commerce de Lyon, malencontreusement enregistrées et révélées dans la presse. Laurent Wauquiez avait pourtant réclamé le plus grand secret sur ses propos, sous peine de devoir leur servir le même « bullshit », que l’on peut traduire librement par étron de taureau, qu’il réserve généralement aux journalistes et aux militants. Le président LR s’était appliqué à se faire oublier, jugeant avec raison que 10 mois ne seraient pas de trop.

Jugeant qu’il avait  accompli son purgatoire, Laurent Wauquiez a choisi le mouvement Sens commun, ultra engagé dans la lutte contre l’homosexualité, pour faire un come-back remarqué. Et son discours dépasse en effet le sens commun, et même la raison tout court. Aller comparer la procréation médicalement assistée avec les pratiques nazies de la Seconde Guerre mondiale, il fallait oser. Oui, je sais, les cons, ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnait. Mais là, quand même, on se pince pour être sûr que l’on ne rêve pas. Et d’accuser les soutiens de la PMA de vouloir pratiquer l’eugénisme en choisissant les caractéristiques physiques du futur bébé sur catalogue. Faut-il rappeler à Laurent Wauquiez que les théories nazies sur les races ont abouti au plus grand génocide de l’histoire, ce dont nous sommes fort loin en autorisant et en aidant les personnes qui le souhaitent à avoir des enfants ?

Des propos tellement scandaleux, qu’à part les catholiques réactionnaires qui forment le gros des bataillons de Sens commun, et certains militants LR, la majeure partie des politiques s’en sont désolidarisés quand ils ne les ont pas condamnés fermement. Même Ludovine de La Rochère, égérie de la Manif pour tous, peu suspecte de sympathie avec les défenseurs de la PMA, a manifesté son atterrement devant tant de bêtise. Et que dire sinon, comme Christian Estrosi, que ces propos sont « terrifiants » ? Devant les réactions, y compris dans son propre camp, Laurent Wauquiez n’a eu d’autre choix que d’essayer de désarmer la contestation en minimisant ses déclarations dans un tweet qui se voulait rassurant. Ce qui est constant chez lui, c’est quand même son aptitude à parler d’abord et à réfléchir ensuite. Ou pas. Ce qui surprend, ce n’est pas ce qu’il pense profondément. On sait très bien à quoi s’en tenir sur le personnage. C’est la naïveté avec laquelle il se précipite dans toutes les chausse-trappes, et l’impunité dont il continue à bénéficier auprès de ses partisans. Ça ne pourra pas durer éternellement.