En France on a des idées

Vous vous souvenez de ce vieux slogan des années 70 au moment du premier choc pétrolier. La publicité nous disait : « en France, on n’a pas de pétrole, mais on a des idées ». Une de ces fameuses idées continue à nous empoisonner l’existence aujourd’hui encore avant d’être, je l’espère définitivement abandonnée, c’est le passage à l’heure d’été. Pour économiser le pétrole, Raymond Devos proposait même de troquer sa deux chevaux contre une deux bœufs, moins rapide, mais plus écologique. 40 ans plus tard, on en est toujours au même point.

L’analogie ne m’avait pas frappé jusque-là, mais tout se passe comme si les gouvernements successifs, sans le dire, estimaient que les Français étaient des accros au pétrole, tout comme ils sont dépendants du tabac pour une part d’entre eux. Ceux qui ont essayé d’arrêter de fumer le savent, seule une puissante motivation permet de surmonter cette épreuve difficile qui consiste à se passer d’un produit que l’on sait nocif, mais qui vous rend rapidement dépendant. De toutes les mesures que l’état a pu prendre pour lutter contre le tabagisme, les substituts nicotiniques, les incitations par des campagnes de sensibilisation, la plus efficace est également la plus drastique : le renchérissement massif et brutal du prix du tabac sous toutes ses formes. On comprend mieux pourquoi le prix à la pompe a flambé régulièrement du fait de l’augmentation des taxes empochées par l’état sur les produits pétroliers. C’est pour votre bien ! et ce n’est pas fini ! on sait que le paquet de cigarettes atteindra tôt ou tard le seuil psychologique de 10 euros. Il pourrait être rejoint par le litre de carburant jusqu’à un niveau considéré comme dissuasif.

Le souci, c’est que les produits de substitution, tels que les transports en commun, le covoiturage, les vélos ou les trottinettes, qui ne sont pas donnés non plus, ne sont pas accessibles partout. Et les automobilistes sont eux aussi dépendants dans bien des cas de ce moyen de locomotion, qui leur permet d’aller travailler, se promener et faire les courses. Dans ce domaine comme dans d’autres, la régulation par l’argent ne résout pas tous les problèmes. De même que nombre de fumeurs déclarent être prêts à se passer de beaucoup d’autres choses plutôt que de renoncer au tabac, quel qu’en soit le prix, les automobilistes sont des consommateurs captifs, pour d’autres raisons. Il y a bien longtemps, avant l’arrivée de l’euro, les Français déclaraient qu’ils arrêteraient de rouler si l’essence dépassait le seuil de 5 francs le litre. Nous en sommes d’ores et déjà à plus d’un euro cinquante, soit environ 10 francs, et c’est très loin d’être fini. Le sevrage s’annonce pénible.