À l’usure
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 2 novembre 2018 10:35
- Écrit par Claude Séné
On a dit et répété que la fête d’Halloween était une tradition purement importée en France, qu’elle correspondait à une culture et un folklore provenant d’un héritage celtique, mais dont on ne trouvait plus la moindre trace en Bretagne, un berceau de cette civilisation. On a pu, et moi le premier, suspecter la réactivation de cette célébration d’obéir à des motivations mercantiles et de refléter une forme de colonisation culturelle marquant une nouvelle fois l’hégémonie des États-Unis. J’aurais volontiers parié que cette mode finirait par passer, mais je me trompais. La citrouille a la peau dure.
Sous prétexte de faire plaisir aux enfants, qui sont largement conditionnés par tout un environnement télévisuel, ce sont souvent les parents qui saisissent l’occasion de se déguiser et de revenir à des jeux qui ne semblent plus de leur âge, sans se soucier du ridicule de certaines tenues. L’alibi d’accompagner les enfants, qu’il ne serait en effet pas prudent de les laisser mendier tous seuls, suffit à justifier tous les accoutrements. Après tout, ce sont là divertissements bien innocents, me direz-vous, et il n’y a pas là de quoi fouetter le moindre félin. Voire ! il semble désormais obligatoire de se plier à cet usage purement facultatif au départ. L’organisatrice du concours de miss France, Sylvie Tellier, pour l’avoir ignoré, s’est fait pourrir sur les réseaux sociaux. L’ancienne miss aurait « envoyé balader le petit de 6 ans » d’une internaute, voisine de la vedette, qui l’aurait donc « jeté comme un malpropre ». C’est-à-dire que, de ce point de vue, cela devient une obligation de faire bon accueil à ces quémandeurs un peu particuliers, même si l’on n’apprécie pas personnellement cette fête forcée. Les enfants ont bon dos.
Il va toutefois devenir de plus en plus problématique de les laisser sortir le soir d’Halloween, dont le cérémonial macabre semble inspirer largement les jeunes désœuvrés des quartiers difficiles. Le dernier amusement à la mode serait donc « la purge », qui consiste à attaquer les forces de l’ordre, y compris à l’acide chlorhydrique, ce qui est une conception de la rigolade très largement contestable. Je ne vais pas mettre sur le dos des adorateurs de la citrouille la responsabilité de ces débordements, mais on voit bien que toute manifestation populaire est susceptible d’être dévoyée et d’ouvrir la voie à des violences urbaines, comme aux soirs de nouvelle année. L’occasion était belle pour le tout nouveau ministre de l’Intérieur de montrer les muscles et faire étalage de fermeté sur un sujet consensuel. Mission accomplie : soutien affiché et appuyé aux forces de l’ordre, arrestation des fauteurs de troubles, dissuasion réussie grâce à une présence policière accrue. Juste un ado de 15 ans blessé sérieusement par un tir de « gomme-cogne », cette arme controversée. La routine quoi.