L’emmerdeuse de bénitier
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 3 novembre 2018 10:50
- Écrit par Claude Séné
Ce n’est pas moi qui le dis, je ne me permettrais pas, c’est elle. Christine Pedotti, rédactrice en chef de Témoignage Chrétien, qu’elle a racheté, se qualifie elle-même de ce nom surprenant, en compagnie de quelques autres originales avec qui elle a fondé le Comité de la jupe, en référence à une déclaration malheureuse de Monseigneur Vingt-trois, opposant port de la jupe et réflexion, voire intelligence. Son combat pour la place des femmes dans l’Église catholique l’a également menée à la dénonciation de la pédophilie, contre laquelle la hiérarchie mène un combat trop tiède à son goût.
Je ne partage pas sa foi et j’aurais tendance à penser que la révélation des turpitudes de certains membres du clergé serait de nature à me faire perdre la croyance, si toutefois je l’avais possédée un jour, mais mise à part cette divergence fondamentale, je dois reconnaître que je lui donne raison sur beaucoup de plans. Rien dans l’esprit comme dans la lettre des évangiles ne justifie la mise à l’écart des femmes dans la liturgie et le sacerdoce, alors qu’elles forment encore et toujours le plus gros des bataillons détenus par l’église. Je ne suis pas loin de penser que la féminisation du clergé diminuerait mécaniquement et drastiquement la proportion d’abus sexuels sur mineurs que l’on continue à constater et qui ne sont pas tous prescrits ni correspondre à des usages révolus. De même, la règle du célibat des prêtres n’est certainement pas de nature à favoriser un équilibre physique et sexuel, qui devrait être requis pour exercer ce genre de fonctions, mais cela… ne me regarde pas ! Ce qui nous regarde tous, en revanche, c’est l’attitude de la hiérarchie catholique vis-à-vis de ces « brebis égarées ». Il est inadmissible de se contenter de déplacer les prêtres incriminés, c’est une insulte aux victimes de leurs agissements, et un risque insupportable de les laisser perpétuer leurs crimes.
Pour le salut des âmes de ces prêtres perdus, il sera toujours temps d’aviser et de voir s’ils peuvent bénéficier d’une miséricorde divine que personnellement je ne leur accorderais pas si c’était en mon pouvoir. Mais l’urgence, c’est la reconnaissance des victimes afin de leur rendre justice, autant que faire se peut. Au lieu de quoi, c’est le prêtre lanceur d’alerte qui avait osé demander la démission du Cardinal Barbarin qui se voit sanctionné par ses supérieurs, tandis que la conférence des évêques se contente du service minimum pour prendre en compte la souffrance des enfants abusés, devenus adultes pour la plupart, et jamais reconnus dans leur statut autrement que du bout des lèvres. Autant dire qu’il y a encore du boulot pour les emmerdeuses de bénitier.