Le virage au centre
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 17 octobre 2018 10:52
- Écrit par Claude Séné
Le crédo de la Macronie est donc respecté. Après une attente insoutenable de près de deux semaines, le Président a tranché. Il n’y aura pas de virage à droite et encore moins à gauche. On prend des ministres interchangeables et l’on recommence. Un petit jeu de chaises musicales et puis s’en vont. Les partants seront d’autant plus vite oubliés que le grand public n’a pas eu le temps de les connaître, pas plus qu’il ne se souviendra de ceux qui les remplacent.
Je vous rassure tout de suite avant que vous ne vous inquiétiez. La grande réforme des retraites qui appauvrira les plus précaires ne devrait pas toucher les ministres sortants qui conserveront leurs droits péniblement acquis en appliquant sans sourciller les décisions venues d’en haut. La souplesse étant la principale qualité pour hériter d’un maroquin, on ne s’étonnera pas qu’un Nicolas Hulot n’ait pas pu très longtemps se plier aux exigences supérieures d’un pouvoir axé sur le rendement et le libéralisme. Sa démission lui aura épargné l’humiliation de se voir adjoindre une secrétaire d’État à l’écologie qui était jusque-là dévouée au service de la marque Danone, dont la principale contribution à la défense de l’environnement consiste à prôner l’usage de l’huile de palme, malgré ses effets désastreux sur la déforestation. La nouvelle ministre devra donc s’attaquer aux emballages plastiques dont son précédent employeur fait un usage massif. Bel exemple de grand écart, dont ces cadres issus des mêmes grandes écoles sont coutumiers. Emmanuelle Wargon va d’ailleurs retrouver Muriel Pénicaud au gouvernement, passée elle aussi par le Groupe Danone comme directrice des ressources humaines.
Emmanuel Macron avait raison sur un point. Ce remaniement est un non-évènement. Il aurait pourtant pu nous épargner d’en faire un psychodrame, pour, au bout du compte, confirmer ses orientations désastreuses en changeant simplement de personnel. Il ne fait de mystère pour personne que c’est le président, et lui seul, qui décide de tout. Dans le nouveau gouvernement, il ne restera plus aucun « poids lourd », susceptible de s’opposer ou d’infléchir les grandes lignes du projet présidentiel. La seule composante un peu renforcée dans un savant dosage gouvernemental est celle du Modem, flatté dans le sens du poil en prévision des élections européennes, mais dont l’influence réelle sera négligeable. L’extrême-centre cher à François Bayrou ne compte que deux représentants au gouvernement, et la promotion de Jacqueline Gouraud au rang de ministre, à part flatter son égo, ne devrait pas changer grand-chose. Le vivier de jeunes pousses dont on nous avait fait miroiter l’existence semble bien vide, et le Nouveau Monde ressemble furieusement à l’ancien.