La forme et le fond
- Détails
- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 16 octobre 2018 09:37
- Écrit par Claude Séné
Vieux débat, qui me renvoie vers les années lycée, quand nous tentions laborieusement de faire passer quelques réflexions par le prisme d’un exercice imposé, de rédaction, puis de dissertation. Il a dû m’arriver, moi aussi, de m’attirer des appréciations professorales dans le genre de celle-ci : « des idées, mais reste confus ». Car l’adage selon lequel ce qui se conçoit bien s’énonce clairement n’est rien moins que très difficile à mettre en pratique. Dans un souci de transparence qui l’honore, mais qui ne sert pas forcément sa cause, le député de la France Insoumise, François Ruffin, a dévoilé les coulisses de sa récente intervention à l’Assemblée nationale.
Il s’était fâché tout rouge contre ses collègues de la République en marche, qui ont repoussé sans débat une proposition de loi visant à améliorer le sort des accompagnants de personnes handicapées. Sa sainte colère n’était pas feinte, car il y a effectivement de quoi être choqué de la désinvolture avec laquelle les députés de la majorité ont suivi le gouvernement sans le moindre état d’âme et ont évacué la proposition présentée par un membre de l’opposition du groupe Les Républicains. Cependant, son courroux était soigneusement mis en scène de manière à avoir le plus d’impact médiatique possible. La majorité s’est empressée d’accuser le député de récupération politique et de se faire de la publicité sur le dos des handicapés. Il fallait oser. Moyennant quoi, les auxiliaires de vie scolaire et les accompagnants des élèves en situation de handicap continueront à être mal payés et à vivre des situations précaires. Le texte soutenu et amendé par François Ruffin n’était sans doute pas parfait, mais il méritait bien d’être discuté.
Les réactions à l’initiative de la Maire de Paris, Anne Hidalgo, qui se propose d’utiliser des bâtiments municipaux pour créer 1500 places d’accueil pour les sans-abri parisiens, et notamment des femmes qui vivent dans des conditions de précarité inacceptables, sont tout aussi contestables. Là aussi, l’opposition municipale accuse Anne Hidalgo de démagogie, et de vidée électoraliste dans l’optique des municipales de 2020. Qui pourrait reprocher à un maire de prendre des décisions dans l’intérêt de la population sous prétexte qu’elles pourraient jouer en sa faveur ? La question est ici de savoir si le manque de places dans les hébergements d’urgence est une réalité ou non. L’état, qui s’était engagé par la voix du président Emmanuel Macron, à éradiquer la pauvreté aboutissant à vivre dans la rue, ayant failli à sa tâche, la Maire est fondée à prendre des initiatives et à renvoyer le gouvernement à ses responsabilités. Dans le cas de François Ruffin comme dans celui d’Anne Hidalgo, les démagogues sont plutôt dans l’autre camp.