Mourir à 12 ans

L’énoncé des faits est dramatiquement rapide. Un adolescent de 12 ans est décédé dimanche des suites de blessures occasionnées par une rixe la veille au soir en région parisienne. Apparemment, deux bandes rivales, appartenant aux communes voisines de Seine-Saint-Denis de Bagnolet et des Lilas avaient décidé d’en découdre pour des motifs encore inconnus et se sont affrontées à coups de bâtons et de barres de fer. Une vingtaine d’adolescents de 12 à 16 ans seraient impliqués dans la bagarre et la police a relâché deux jeunes appartenant à la bande de la victime.

Voilà résumé un triste constat qui témoigne une nouvelle fois de la montée de la violence dans notre société. Si les faits n’étaient pas si graves, on songerait à la guerre des boutons qui opposait les villages de Longeverne et de Velrans. Même s’il n’est pas exclu que le trafic de drogue joue un rôle dans ces rivalités entre villes voisines, on a bien l’impression qu’il s’agit pour une bonne partie là encore de querelles de clocher, de luttes de territoire, de conflit pour la suprématie, de chauvinisme de quartier. Dans le livre de Louis Pergaud, dont le titre complet est « roman de ma douzième année », les enfants avaient réussi à symboliser et à canaliser leur agressivité par le biais des trophées que représentaient les boutons. Dans notre société « moderne », la violence s’exerce sans filtre, et de plus en plus jeune. Cela fait longtemps que les « grands frères » dans les quartiers ont remarqué ce phénomène et s’en inquiètent. Autant il est possible de raisonner, parfois, des adultes, même endurcis dans le crime, autant le comportement des jeunes adolescents, pressés de prendre la place de leurs aînés peut être imprévisible. Les malfrats « à l’ancienne » observaient un certain code de conduite, qu’ils appelaient un peu pompeusement l’honneur, et respectaient généralement la hiérarchie établie. Ce n’est plus le cas, et même ce respect discutable se perd.

Sans faire de lien de cause à effet, on se demande où est la police de sécurité du quotidien lancée par l’ex-ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, toujours pas remplacé à ce jour. Coïncidence ou non, le maire de Bagnolet vient de remettre la semaine dernière au Secrétaire d’État à la cohésion des territoires, annoncé partant et dont je vous mets au défi de me citer le nom, une pétition pour demander un commissariat de plein exercice dans sa commune. Le commissariat actuel couvre 4 communes et une population de 100 000 habitants. Cette mesure, entre autres, me semble autrement plus urgente que les nouvelles réformes antisociales concoctées par le futur ex nouveau gouvernement en interminable gestation.

Commentaires  

#1 jacotte 86 15-10-2018 10:54
c'est triste on en arrive à souhaiter plus de présence policière... voilà le résultat d'un manque de politique sociale d'une démocratie de plus en plus mise à mal
Citer