Cherche ministre désespérément
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 10 octobre 2018 10:33
- Écrit par Claude Séné
L’exercice est un classique. Après un premier temps plus ou moins long d’exercice du pouvoir, l’exécutif constate un certain essoufflement dans le rythme de l’application du programme sur lequel il a été élu. L’état de grâce fait place à l’examen critique et débouche inexorablement sur une baisse de la popularité dans les sondages d’opinion. Il est alors temps d’annoncer une nouvelle étape dans le déroulement du quinquennat et de renouveler tout ou partie de l’équipe gouvernementale. Le scénario est bien huilé. Le Premier ministre remet sa démission au président, qui le renomme dans la foulée, ou parfois le remplace.
Sauf que rien ne se passe comme prévu. Le remaniement tarde à être annoncé. Pour commencer, la démission de Gérard Collomb n’était ni prévue ni souhaitée, et son remplacement paraît plus délicat qu’on ne l’imaginait. Le départ de Nicolas Hulot et dans une moindre mesure celui de Laura Flessel, a déjà été une épreuve difficile, celui du ministre de l’Intérieur pourrait être un casse-tête encore plus compliqué. Il semblerait que des candidats pressentis aient refusé d’entrer au gouvernement, et il devient difficile de débaucher de nouvelles prises de guerre dans les rangs de l’opposition. Reste la solution de prendre des techniciens de la fonction, issus de la société civile, comme on dit. Ce qui aboutirait au paradoxe de faire entrer de nouveaux inconnus au gouvernement pour remplacer ceux qui n’ont pas encore fait leurs preuves. La république en marche paye le manque d’implantation locale d’un mouvement surgi de nulle part et qui n’a pas de fonctionnement militant hormis le temps des élections.
Dans les partis traditionnels, malgré leurs défauts, des personnalités avaient le temps de se former et d’émerger. La plupart des partis d’opposition dans le monde ont un « cabinet fantôme », le pendant du gouvernement en place, avec des cadres connaissant les dossiers, qui se préparent à prendre la relève en cas d’alternance. Rien de tel dans le parti présidentiel qui a été contraint d’apprendre le mouvement en marchant, avec des fortunes diverses. Dans une équipe de football, l’entraîneur s’efforce de doubler tous les postes de manière que le niveau global de performance reste élevé, quel que soit son choix. Dans l’équipe gouvernementale, on mélange professionnels et amateurs, et l’indisponibilité d’un seul met en péril le rendement de l’ensemble. En fait, tout l’édifice repose sur un seul homme, le président, et il suffit de quelques maladresses de langage pour faire capoter tout un projet, condamnable pour des raisons de fond, et qui pourrait chuter sur la forme.