Jacqueline Sauvage, coupable, forcément coupable
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 3 octobre 2018 09:44
- Écrit par Claude Séné
Tout laisse à penser que l’avocat général du procès en appel de Jacqueline Sauvage s’est senti bafoué personnellement par la grâce présidentielle qui a permis la libération de cette femme pour laquelle il avait requis une condamnation à 10 ans d’emprisonnement ferme. Mais ce qu’il ne semble pas pouvoir supporter, c’est la sortie du téléfilm dans lequel Muriel Robin incarne le personnage de cette femme battue qui a fini par tuer son mari violent après 47 ans de sévices. Comme si le combat engagé par la comédienne pour dénoncer les violences faites aux femmes constituait un désaveu de sa personne.
Je dis bien de sa personne et non de sa fonction. Car Frédéric Chevallier s’en prend nommément à Jacqueline Sauvage à qui il reproche dans une lettre ouverte de ne pas être digne de la cause des femmes battues au nom de laquelle François Hollande lui a accordé une grâce présidentielle. Je croyais naïvement que si un citoyen ordinaire n’avait pas le droit de commenter une décision de justice, cette même règle s’appliquait a fortiori à un des acteurs principaux du système judiciaire en la personne de l’accusateur public. Monsieur Chevallier a le droit d’avoir ses opinions personnelles, mais il n’est pas tenu de refaire un procès à charge contre une femme qui a déjà été jugée et condamnée par deux fois. Il ne saurait être question de dénier à l’accusée le droit de se défendre par tous les moyens possibles, tandis que la société dispose d’un arsenal juridique et d’une machine qui broie inexorablement ceux qui passent entre ses mains. Cela déplait souverainement à l’avocat général que Jacqueline Sauvage ait obtenu la sympathie de l’opinion publique du fait de la prise de conscience d’un phénomène majeur de société qui est la violence faite aux femmes. Il a fait son travail aux assises en requérant une peine lourde. Même en peu plus que son travail en évoquant des remises de peine par nature hypothétiques afin de charger la barque. Cette lettre est au-delà de son devoir et relève à mon avis d’un excès de zèle.
À se demander si, comme Marguerite Duras à propos de la thèse de l’infanticide supposé du petit Gregory par sa mère Christine Villemin, l’avocat général n’a pas préféré une fiction conforme à ses théories à une réalité qui le dérange. Si seulement Jacqueline Sauvage avait eu un fusil à portée de main chaque fois que son mari la tabassait, ou quand il violait une de leurs filles ! On aurait eu l’occasion de lui trouver des circonstances atténuantes au nom de la légitime défense que l’on accorde facilement à tout policier qui fait usage de son arme. Non ! Jacqueline Sauvage doit être coupable, afin que Frédéric Chevallier puisse dormir du sommeil du juste avec le sentiment confortable du devoir accompli.
Commentaires
c'était une réaction tellement machiste que j'ai décidé de ne plus jamais écouté un con pareil