Impardonnable oubli !

Quatre années ont passé depuis mon invitation au voyage du dimanche dans les îles françaises. J’avais fait une large part à mes îles bretonnes et vendéennes, et une petite place pour Porquerolles et Port-Cros. Mais comment ai-je pu oublier la plus belle de toutes, la plus fantastique, sûrement aussi la plus célèbre : la Corse.

Ce n’était pourtant pas faute d’y être allé séjourner, la première fois pour vérifier si sa beauté pouvait entrer en concurrence avec la Martinique (où nous étions en voyage) comme le prétendait un marin rencontré fortuitement.

 

Nous avions été séduits, c’est sûr, mais peut-être aveuglée par mon amour pour la Bretagne, je n’avais pas reçu le choc que j’en attendais… Il aura fallu deux autres séjours et ma visite de cette fin d’été, pour que chaque vision, chaque sensation, s’accumule au point que je garde une fois rentrée sur le continent, des émotions si fortes qu’elles semblent indélébiles ! C’est comme un tableau inachevé pour lequel il aura suffi d’une dernière touche, pour le rendre parfait ! Il aura suffi de replonger dans le bleu si intense de la Méditerranée se découpant sur les côtes déchirées ou sur les plages de sable fin, pour que tous les souvenirs précédents ressurgissent, et que je tombe éperdument, inconditionnellement, amoureuse. Et cela en dehors de toute considération politique, quand on s’immerge dans le pays corse, seule compte la nature, magique, grandiose, unique ! On oublie même les touristes !

Dès qu’on s’éloigne du littoral, affrontant les dangereuses routes en lacets, on plonge dans un paysage de montagnes, et de vallées, abritant des villages à l’approche difficile, semblant se suffire à eux-mêmes, et dont les cochons à moitié sauvages, occupant sans vergogne la chaussée, semblent être les gardiens ! Dès que l’on emprunte un sentier, pour aller à la découverte de la Corse profonde, on sait que tous les efforts que l’on va fournir seront largement récompensés par les spectacles grandioses d’une nature qui se mérite.

Sans faire concurrence au routard, pêle-mêle quelques-uns de mes coups de cœur :

Les calanques de Piana, la réserve de Scandella, le village de Girolata, vus par la mer, où l’œil se perd dans des nuances de bleu uniques au monde, laissant apercevoir l’aileron d’un dauphin, les aiguilles de Bavella dans la montagne de l’Alta Rocca, les piscines naturelles de la Solenzara… les sentiers de la forêt d’Aitone, la citadelle de Bonifacio, les tours génoises montant la garde, la cascade du voile de la mariée, les îles Lavezzi et les Sanguinaires, sans oublier les plages, certaines se protégeant par des accès sauvages, comme Rondinara, Palombaggia, Cala Rossa, mais qui nous font toutes tutoyer le paradis en nous offrant une Méditerranée si belle, si claire, si chaude qu’on ne voudrait pas la quitter, « cette mer qui a tant fait l’amour avec le soleil qu’ils ont fini par enfanter la Corse ».

Réparation est faite, je rêve d’y retourner encore une fois, pas seulement pour être sûre d’être pardonnée !

L’invitée du dimanche