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Tintin aux Antilles
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 29 septembre 2018 11:02
- Écrit par Claude Séné
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Le regretté Hergé n’a jamais dessiné le célèbre reporter en culotte de golf, ni son ami le capitaine Haddock, ni même son fidèle Milou, en visite dans les îles de la Martinique et de la Guadeloupe. Et c’est dommage, parce que le président de la République, qui a un faux air de Tintin, a pris le temps de s’y rendre avant de rentrer de l’assemblée de l’ONU où il a brillamment porté nos couleurs. Comment ça, je me moque ? Bon, oui, un peu. Les Antillais auront quand même pu l’interroger en direct sur les questions qui les préoccupent.
Oh ! trois fois rien, des bêtises, comme le pouvoir d’achat qui va être amputé alors que la vie est 40 % plus chère qu’en métropole. Si le président Macron comptait se refaire la cerise au pays de la banane, c’est un peu raté. En plus des habitants qui l’interpellent vigoureusement, les éléments eux-mêmes se sont déchaînés avec le passage de la tempête Kirk et un tremblement de terre de magnitude 6,3. Comme il est d’usage en pareilles circonstances, le président a ouvert sa hotte avec un peu d’avance sur Noël en annonçant 2 milliards d’investissements sur la période 2019-2022. De belles promesses auxquelles les habitants auront un peu de mal à croire après les lenteurs administratives de Saint Martin où la reconstruction traîne.
Mon âge me donne un avantage sur le président Macron. J’ai visité la Martinique dès 1992 et j’ai été intrigué par les sacs bleus en plastique qui entourent les régimes dans les bananeraies, et qui polluent toute l’île. J’ai appris depuis que ces emballages étaient destinés à favoriser le murissement, mais surtout à protéger les fruits des épandages massifs de pesticides déversés par voie aérienne sur les plantations. En particulier, les planteurs utilisaient un produit pour lutter contre les charançons, le chlordécone, pourtant interdit aux États-Unis, qui ne sont pas un parangon de vertu dans le domaine, dès 1977 et qui sera autorisé jusqu’en 1993. Le mal est malheureusement fait, et pour des générations, puisque le sol a absorbé le produit toxique et que les eaux sont également contaminées. Les habitants eux-mêmes ont forcément absorbé ce perturbateur endocrinien dont on suppute l’influence néfaste sur l’augmentation des cancers. On ne peut pas mettre ce scandale sanitaire sur le dos d’Emmanuel Macron, qui n’était même pas né en 1972 au moment de l’autorisation du produit, pas plus qu’on ne peut le rendre responsable des mauvaises manières de la République à l’égard des harkis et de leurs familles, mais il est le digne héritier du système financier et cupide qui a connu une forme d’apogée cynique avec la colonisation et sa survivance dans les territoires ultramarins.