Ligne de vie
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 29 juin 2018 09:19
- Écrit par Claude Séné
C’est la traduction littérale du nom de l’ONG allemande qui affrète le bateau du même nom longtemps refusé par les autorités italiennes et françaises, et qui a finalement pu accoster à Malte, non sans difficultés. Et c’est bien d’une question de vie ou de mort dont il s'agit pour les 233 personnes recueillies en mer après une traversée très périlleuse pour échapper à un sort misérable. Et voilà que le président du pays des droits de l’homme joint sa voix à celles des populistes d’extrême droite pour accuser les sauveteurs de « faire le jeu des passeurs ».
Les bras m’en tombent. Emmanuel Macron est tellement obnubilé par la peur d’apparaitre comme laxiste et perdre ainsi des voix sur sa droite, qu’il en oublie le sens commun et même le bon sens tout court. Selon lui, le commandant du Lifeline n’a pas respecté les règles de droit et aurait dû remettre les migrants aux garde-côtes libyens. Sauf que cela eût été faire fi de tous les risques pris par ces malheureux et les renvoyer au drame auquel ils tentent d’échapper. De plus, d’autres règles internationales imposent à tout navire de venir en aide aux éventuels bateaux en détresse, ce qui est le cas par définition des embarcations de fortune sur lesquelles se risquent les migrants. Ce qu’il voudrait, au fond, le freluquet qui nous tient lieu de chef d’État, c’est que l’on instruise le dossier des candidats à bénéficier du droit d’asile avant de leur lancer la bouée de sauvetage. Quant aux fameux passeurs, ne serait-ce pas le travail prioritaire des états et de leurs garde-côtes que de les interpeler, plutôt que de rejeter la faute sur les ONG ?
Selon un usage désormais bien établi, Emmanuel Macron renverse totalement la réalité en accusant les associations de « cynisme absolu ». Il provoque au passage la sidération d’une ONG reconnue, et bien française celle-là, la branche France d’Amnesty International, choquée par de telles déclarations, et obligée de rappeler des vérités élémentaires qui démontrent à l’évidence que sans les associations, le nombre de victimes serait bien plus élevé et que les migrants ne font que fuir une situation insupportable dont les nations sont collectivement responsables, plus ou moins directement. La France n’a pas non plus le nez propre dans cette genèse, elle qui vend des armes et peut-être plus à l’Arabie Saoudite, partie prenante dans le conflit au Yémen, qui provoque une partie de l’exode constaté jusqu’en Méditerranée. Cette sortie du président français est particulièrement mal venue dans un contexte où le phénomène migratoire est devenu objectivement gérable et sert principalement à des visées électoralistes. Cela ne fait en tout cas pas honneur à notre pays.
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HUMANISER UN PEU