Le retour du service
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 28 juin 2018 10:41
- Écrit par Claude Séné
Vous le savez, au tennis, s’il arrive que le service soit gagnant, il expose parfois le joueur à un retour fulgurant qui le cloue sur place. Le candidat Macron, en quête de mesures spectaculaires lui permettant de se démarquer de ses concurrents à peu de frais, avait donc proposé, bien imprudemment à mon sens, de rétablir l’ancien service national en le mettant au goût du jour, tout en maintenant son objectif de recréer de la cohésion nationale. Comme le Président élu tient à toute force à pouvoir affirmer qu’il fait ce qu’il a dit, le voilà au pied de ce mur et d’un défi absurde.
Selon une méthode désormais bien rodée, Jupiter a donc délégué aux sous-fifres la tâche ingrate de devoir organiser l’accueil et la formation d’environ 7 à 800 000 jeunes d’une même classe d’âge en internat. Pas question d’y échapper. Tous les jeunes de 16 ans devront sacrifier un mois de leurs vacances pour satisfaire à un programme dont les contours restent à définir et dont le principal intérêt serait d’exister et donc de favoriser un brassage social dont la brièveté garantit l’inefficacité. Le caractère obligatoire de ce service national universel est un handicap de départ qui risque fort de se révéler rédhibitoire. Tous les spécialistes de la formation des jeunes vous le diront, sans motivation et adhésion au projet, peu ou pas de résultats à en attendre. Le volontariat aurait probablement fait apparaitre une très faible mobilisation, les jeunes de cet âge ayant, légitimement, bien d’autres possibilités d’occuper profitablement leurs congés. Une rebuffade à laquelle le président ne veut certainement pas s’exposer.
Il faut donc, coûte que coûte, mettre en place le dispositif. Et cela va coûter, assurément. D’abord en infrastructures : il faudra réquisitionner les établissements possédant un internat, les centres de vacances disponibles, les rares casernes possibles, que sais-je encore ! Et puis, il faudra encadrer tous ces jeunes, et ce ne sera pas gratuit, même si l’armée participe pour une part à la formation des formateurs, ce qui pose d’autres problèmes. Le chiffrage dépendra évidemment des modalités retenues, mais on peut s’attendre à une facture assez salée. Pour une commission sénatoriale, environ 30 milliards sur 5 ans. Un autre rapport envisage 2 à 3 milliards par an, et l’armée parle de 1 à 10 milliards. Un peu cher pour une lubie présidentielle dont l’intérêt échappe à la plupart des observateurs et surtout aux principaux intéressés, dont on ne prend même pas la peine de demander leur avis, hormis une vague promesse de consultation numérique selon des modalités totalement floues pour l’instant. Quand on voit l’amateurisme et l’impréparation autour de cette mesure lancée comme un ballon d’essai pendant la campagne présidentielle, on comprend mieux pourquoi les orientations générales les plus importantes ne donnent aucun résultat concret.
Commentaires
même ce pauvre Borloo qui regimbe
même en fils ai^né de l;église ça risque de ne pas suffire!