Champagne !

Oui, champagne, malgré le cœur gros que nous laisse la disparition de Jacques Higelin. Il n’aurait pas aimé que l’on se morfonde, que l’on se désole ou que l’on baisse les bras. Le titre de ce double album de 1979 : « Champagne pour tout le monde, et caviar pour les autres » résume assez bien le personnage, léger, et gai comme les bulles du champagne, mais aussi généreux et profondément droit. S’il est peu probable que la République reconnaissante lui accorde les funérailles nationales qu’à mon sens il mérite au moins autant que Johnny Hallyday, je le place beaucoup plus haut que ce dernier dans mon panthéon personnel.

C’est le deuxième Grand Jacques que la mort nous dérobe, et je ne saurais trouver de référence plus élogieuse que de le comparer à l’immense Jacques Brel. Comme lui, ce n’est pas seulement un artiste qui va nous manquer, mais un être profondément humain et attachant, qui n’hésitait pas à s’engager pour les causes qu’il croyait justes, comme le droit au logement. Si l’expression « grand frère », trop souvent galvaudée, a un sens, c’est à lui qu’elle s’appliquerait le mieux. Alors qu’il était lui-même au plus mal, il avait su trouver les mots pour remonter le moral de sa complice de toujours, Brigitte Fontaine, il y a peu. Et c’est bien ce dont il s’agit. Higelin nous faisait un bien fou. Personnellement, je l’aimais surtout pour ses ballades, à l’entrain communicatif, jusque dans la nostalgie. En guise d’hommage, je me suis mis à fredonner ses refrains. C’est ce qu’il aurait voulu, je crois, et je sais que je n’ai pas été le seul à me remémorer ses chansons.

Sans faire de bruit, Higelin est entré dans nos vies pour n’en plus sortir, accompagnant les bons comme les mauvais moments de ses mélodies entêtantes et de ses textes tantôt poétiques, tantôt vigoureux. Plus qu’une œuvre, il nous laisse une philosophie de vie, qu’il a incarné jusqu’au bout de son existence : celle de vivre pleinement chaque instant, sans s’attarder sur un passé auquel on ne peut plus rien changer, ou un futur qui peut nous échapper à tout moment. C’est dans « La ballade de chez Tao », une de mes chansons préférées, que se trouve résumée cette conviction : « Vivez heureux aujourd’hui, demain, il sera trop tard ».

Si vous voulez prendre quelques minutes pour réécouter le grand Jacques en public, voici un lien vers la citadelle de Calvi :

https://www.youtube.com/watch?v=OQe0HcKQIqE

Une interprétation émouvante malgré la voix cassée, à consommer sans modération.

Commentaires  

#1 jacotte 86 07-04-2018 16:51
c'est aussi ma préféré j'espère que ses enfants artistes aussi saurons assurer sa continuité
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