Hécatombe
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 6 avril 2018 10:23
- Écrit par Claude Séné
Les mésaventures de Jean-Vincent Placé, sénateur écologiste et ancien secrétaire d’État dans le gouvernement précédent, ne sont que le dernier avatar en date d’un mouvement qui a frappé massivement une famille politique, presque disparue des radars dans la nouvelle configuration de la société française. Sa garde à vue après un esclandre où il a dérapé gravement sous l’emprise de l’alcool, en insultant cliente, videur et forces de l’ordre appelées en renfort, pourrait signer un retrait de la vie politique qu’il envisageait déjà auparavant. Coïncidence, c’est le moment choisi par sa collègue Cécile Duflot pour annoncer son départ pour prendre la tête de l’association Oxfam France.
J’ai eu la curiosité de faire un inventaire rapide des figures de l’écologie politique, et le bilan est lourd. À tout seigneur, tout honneur, l’écologiste le plus célèbre de France, Nicolas Hulot, est pieds et poings liés dans un gouvernement qui n’a pas l’intention de lui faire de cadeaux. Jusqu’à quand ? François de Rugy a quitté sa formation politique pour rejoindre la République en marche en échange du plat de lentilles de la présidence de l’Assemblée nationale, un choix partagé par Barbara Pompili. Daniel Cohn-Bendit, lui, a jeté l’éponge depuis longtemps et se consacre à sa 2e passion : le football. Et qui se souvient encore de Dominique Voinet et d’Éva Joly, qui furent pourtant candidates à l’élection présidentielle, tout comme Noël Mamère, récemment démissionnaire de la rédaction du Média, organe de presse très proche de Jean-Luc Mélenchon ? Un mot pour signaler la disparition de Denis Beaupin, victime avant l’heure du grand mouvement de moralisation de la vie politique connu par le mot clé « balance ton porc » et de celle qui était sa compagne, Emmanuelle Cosse. Les seuls ou presque à tirer leur épingle du jeu sont ceux qui ont trouvé refuge au Parlement européen, un peu à l’écart de la scène nationale et ses vicissitudes, confortés par les Verts issus des autres pays. On y rencontre José Bové, un des derniers rescapés, toujours actif dans le dossier de Notre Dame des Landes, ou Yannick Jadot, candidat malheureux à la dernière présidentielle.
Son désistement en faveur de Benoît Hamon devait rapporter 200 000 euros au parti EELV, mais la promesse verbale du candidat n’a pas été tenue par un PS lui-même en graves difficultés financières. L’hémorragie de personnalités écologistes se double donc d’une asphyxie pécuniaire, faute d’élus. Le temps est loin où Marie Christine Blandin se hissait à la tête de la région Nord-Pas-de-Calais, et où le mouvement avait le vent en poupe. Retombé dans ses divisions, privé du soutien d’une alliance avec un PS désormais exsangue, le mouvement écologiste est plus que jamais dispersé et ses militants voués à attendre, une fois de plus, qu’il renaisse de ses cendres.