Aveuglement
- Détails
- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 2 avril 2018 10:44
- Écrit par Claude Séné
Je ne vous ai pas parlé du meurtre de cette femme juive de 85 ans, victime d’un crime crapuleux dans son appartement parisien la semaine dernière. Une marche blanche était organisée mercredi pour lui rendre hommage à l’initiative du Conseil représentatif des institutions juives, marche à laquelle il était expressément demandé aux adhérents du Front national et aux insoumis de ne pas participer. Concernant la France Insoumise, le grief du Crif à leur endroit vise principalement leur soutien à la cause palestinienne, ce qui fait que j’aurais moi aussi été considéré comme persona non grata, si j’avais souhaité m’y associer.
La première remarque concerne la qualification du caractère antisémite de ce crime odieux, qui n’a pas encore été établi avec certitude, ce qui n’a pas empêché le président Macron de trancher dans ce sens. La seconde, c’est la promptitude avec laquelle de nombreux partis, mouvements ou personnalités se sont emparés de l’affaire, dans l’espoir visible pour certains d’en tirer avantage. Le symbole de cette femme âgée, réchappée de la rafle du Vel d’hiv', est évidemment pain bénit pour frapper l’opinion. La troisième remarque, c’est que le Crij a tenté d’accaparer la manifestation, alors que l’un des fils de l’octogénaire avait affirmé que tout le monde était invité à y participer. C’est tout le problème de l’intrication étroite des aspects religieux et politiques qui fait de l’attitude envers Israël la pierre de touche de toute analyse des faits. Cette ambiguïté est la conséquence de l’existence d’un état hégémonique basé sur la seule appartenance religieuse. Une remarque qui vaut d’ailleurs également pour les théocraties musulmanes comme l’Iran ou l’Arabie Saoudite.
Bien que les questions de l’antisémitisme et de la reconnaissance des droits du peuple palestinien à disposer d’une terre et d’un état ne soient pas liées en théorie, la politique des autorités israéliennes envers les manifestations dans la bande de Gaza, qui consiste en une répression disproportionnée qui a fait 16 morts et 1 400 blessés, ne peut qu’alimenter un désir de vengeance sur place et un sentiment de défiance voire de haine dans les pays où réside la diaspora. Et pourtant, selon le Crif, qui suit en cela aveuglément le gouvernement de Tel-Aviv, protester ou même seulement réclamer une enquête impartiale sur les évènements, suffit à disqualifier toute tentative de faire la lumière sur ce qui se passe réellement. Non seulement le Premier ministre israélien refuse de reconnaitre un recours excessif et disproportionné à la force, mais il a félicité chaleureusement l’armée pour avoir tiré à balles réelles contre les manifestants et a promis de renforcer la répression en l’étendant massivement à tous les territoires occupés. Des enjeux qui dépassent largement le cas de Mireille Knoll, dont la mort malheureuse a servi de prétexte à bien des intérêts particuliers.