Raoul

Cette fois, nous y sommes. J’entendais l’autre jour un employé de la SNCF, qui s’apprêtait à faire grève, déclarer, je cite de mémoire : « monsieur Macron n’a jamais vu les cheminots défendre le service public et l’outil de travail, il va comprendre ce que c’est ». J’ai tout de suite pensé au personnage des Tontons flingueurs, Raoul Volfoni, alias Bernard Blier, dont la tirade est restée légendaire : « Je vais lui montrer qui c’est Raoul. Aux quatre coins de Paris qu’on va le retrouver, éparpillé par petits bouts, façon puzzle. Moi, quand on m’en fait trop, je correctionne plus : je dynamite, je disperse, je ventile ! »

Malgré leurs rodomontades habituelles, leurs déclarations jusqu’au-boutistes de fermeté, leurs dénigrements constants des actions syndicales en dépit d’une bienveillance de façade, leurs affirmations selon lesquelles les changements seraient inéluctables, le président et son gouvernement ne sont ni sereins, ni rassurés. La meilleure preuve en est qu’Emmanuel Macron se garde bien de monter au créneau en première ligne. Il préfère envoyer ses sous-fifres au casse-pipe, pour se réserver, si nécessaire, le beau rôle du sauveur providentiel qui mettra tout le monde d’accord. C’est que la situation est explosive. On ne peut jamais prévoir comment évoluera un conflit quand il part sur des bases de mobilisation massive comme c’est le cas aujourd’hui. Et ce n’est certainement pas en envoyant en éclaireur le porte-parole du mouvement LREM, Gabriel Attal, délivrer un message plein de morgue et de suffisance, dénonçant une prétendue « gréviculture » que l’on va désamorcer ce qui pourrait devenir une bombe à retardement.

Au moment des grandes grèves de 1995 contre le plan d’un certain Alain Juppé, alors Premier ministre « droit dans ses bottes » s’attaquant déjà aux retraites et à la sécurité sociale, l’actuel président venait tout juste de passer son bac. On peut supposer qu’il a oublié l’échec cinglant du gouvernement de l’époque, qui a dû se résigner à retirer piteusement son projet, grâce notamment à la mobilisation décisive des cheminots. On sait aussi que cette « bataille du rail » n’a pu être gagnée que parce que l’opinion publique s’est rangée massivement derrière les manifestants, considérant qu’ils leur permettaient de faire entendre leur voix bien qu’ils ne puissent pas faire grève eux-mêmes. Sans aller jusqu’à une grève par procuration, toute la question va être ici aussi de savoir qui l’opinion va rendre responsable de la gêne, voire de la galère qui risque de se prolonger plusieurs mois. C’est le premier vrai test sérieux pour le président et le gouvernement. Chacune des parties sait qu’elle joue gros, et il n’est pas exclu que cette fois-ci, on voie Raoul obliger Emmanuel à reculer.

Commentaires  

#1 jacotte 86 03-04-2018 10:42
des ouvriers en colère? y en a

suite des tontons flingueurs
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