Aumône
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 30 mars 2018 10:14
- Écrit par Claude Séné
Nom féminin « vieilli » : Don charitable fait aux pauvres. La définition me parait assez appropriée à l’annonce faite par le Premier ministre la semaine dernière afin de corriger les effets négatifs sur les retraités de l’augmentation de la CSG. Qu’on en juge. Il s’agit de lisser l’effet de seuil qui pénalise surtout les couples dépassant légèrement le plafond fiscal pour être exonérés de cette fameuse contribution sociale généralisée. La mesure promise par Édouard Philippe s’appliquera à 100 000 bénéficiaires, mais pas avant… 2019 ! Il faut que j’aille m’acheter de toute urgence une sébile réglementaire pour faire la manche et mendier dans les règles.
Rappelons que le seuil de la richesse est fixé à 14 400 euros par an pour un retraité célibataire, soit 1200 euros mensuels, une véritable fortune en effet. Quoique, non, la fortune, elle, ne sera pas taxée. Quant à la justification de cette mesure, le président nous l’a bien expliquée en nous faisant la morale, il s’agit de faire un geste de solidarité envers les jeunes. Parce qu’en plus de les tondre il veut donner mauvaise conscience aux Français qui ont cotisé toute leur existence et estiment avoir gagné le droit de ne pas être traités par le mépris. Si solidarité est nécessaire, tirez donc les premiers, messieurs du gouvernement, nous vous cédons le pas. La ministre de la Santé a d’ailleurs provoqué un fou rire communicatif auquel elle-même n’a pas résisté en s’adressant aux députés et en les appelant mesdames et messieurs les retraités. Je ne cèderai pas à l’antiparlementarisme primaire, mais je sais qu’un député gagne nettement mieux sa vie que la plupart des retraités.
Le sens profond de cette annonce, c’est de reconnaitre de facto que la hausse de la CSG compensée par une baisse des cotisations sociales des actifs, est une mesure bâclée, mal ficelée, dont les effets collatéraux ont été au mieux, mal évalués et plus probablement qui témoigne d’un mépris de classe envers des catégories sociales tenues pour quantités négligeables. Le bricolage fiscal qui en résulte n’est ni juste ni efficace. Ce gouvernement supposé technicien et sans a priori démontre ainsi son impréparation. Et pour cause ! Qui aurait misé un penny sur les chances d’un Rastignac lauréat d’un improbable concours de circonstances ? Il ne suffit pas d’enrôler tous les Marie-Louise du pays et de les encadrer par quelques chevaux de retour en mal de notoriété pour en faire une armée impériale en ordre de marche. Déjà que la campagne présidentielle était loin de ressembler à Arcole, il ne faudrait pas que le pays subisse un nouveau Waterloo du fait de l’aveuglement d’un chef, finalement pas si brillant économiste qu’on veut bien nous le faire croire.