La jeunesse
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 27 mars 2018 11:36
- Écrit par Claude Séné
Il y a peu se sont réunis ceux qui se désignent eux-mêmes comme les Jams, les Jeunes avec Macron, dont la création remonte aux débuts du mouvement lancé par l’actuel Président alors qu’il n’était encore que simple ministre dans le but de l’aider à parvenir au pouvoir. Ses fondateurs ont pris du galon, il fallait donc choisir un nouveau responsable. Selon la conception particulière de la démocratie que professe le chef de l’état, et qui a déjà servi pour la nomination de Christophe Castaner à la direction du mouvement, le nouveau dirigeant a été élu sans coup férir en étant le seul candidat.
Avouez que cela la fiche mal pour un mouvement de jeunesse. Encore faudrait-il s’entendre sur la notion de jeunesse. Quand le président de la République et un certain nombre de ses ministres et militants ont à peine atteint ou dépassé la quarantaine, et que le mouvement « de jeunesse » accueille encore des trentenaires, on peut se demander à quoi servent ces jeunes si l’on ne leur permet pas d’exprimer un tant soit peu de nouveauté et d’esprit de rébellion envers l’ordre établi ? Eh ! Les gars, réveillez-vous ! C’est vous l’ordre établi à présent, et à vrai dire, on ne voit pas trop la différence. J’irai même jusqu’à dire qu’il n’y a pas d’âge pour être vieux. Brassens nous le chantait déjà dans « le temps ne fait rien à l’affaire », quand on est con, on est con. Le simple fait de s’embrigader dès le plus jeune âge dans une formation politique que l’on s’interdit de critiquer en aucune manière est déjà problématique. Un autre chanteur, Jean Ferrat, s’était interrogé sur la nature profonde de cet animal bizarre qui soutenait Giscard d’Estaing et avait nom « jeune républicain indépendant », tout aussi réactionnaire, malgré une modernité de façade, que son équivalent senior. Il avait même récidivé avec une autre chanson sobrement intitulée « pauvre petit con ».
Il nous arrive parfois, nous qui n’avons pas toujours su promouvoir les progrès réclamés par nos idéaux de jeunesse, de taxer les générations suivantes de manque de pugnacité, d’abandon aux valeurs matérielles, bref de ne pas faire à notre place ce que aurions rêvé d’accomplir. À tous ceux qui désespèrent de voir un jour advenir des progrès décisifs sur les questions de justice sociale, la jeunesse américaine a envoyé un formidable message en se rassemblant massivement dans la capitale fédérale pour manifester contre la loi permettant une vente d’armes massive et meurtrière. Ce que les adultes n’ont pas réussi à imposer à un Congrès et un Président rétrogrades, j’ai bon espoir que les jeunes parviennent à l’obtenir : leur mot d’ordre « plus jamais ça » rappelle celui des pacifistes opposés aux deux guerres mondiales. Afin que tous ces êtres humains ne soient pas morts pour rien.