Tout doit disparaitre !
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 26 février 2018 10:09
- Écrit par Claude Séné
En entendant le porte-parole du gouvernement égrener la litanie des réformes engagées ou prévues dans les mois et les années qui nous restent à subir dans ce quinquennat, je n’ai pas pu m’empêcher de faire le rapprochement avec ces camelots que j’aimais écouter sur les marchés de mon enfance, et qui rivalisaient d’inventivité pour écouler leur marchandise, fort judicieusement dénommée « camelote » et qu’ils tâchaient de faire passer pour les trésors de l’orient mystérieux ou la modernité du Nouveau Monde venu en droite ligne des États-Unis.
Comme du temps d’un certain Nicolas Sarkozy, à chaque jour sa réforme, et si ça ne va pas assez vite il y a toujours les ordonnances, et, s’il le faut, le 49.3. Les bateleurs de place publique commençaient par faire du bruit afin d’attirer le populo. Pour concurrencer les fripiers ayant pignon sur rue, tels que Léon, le célèbre soldeur brestois, ou le Carreau du Temple, cousin de son homonyme parisien, les marchands ambulants criaient au « décrochez-moi-ça » pour écouler les rossignols achetés en gros et à bas prix. Je me souviens d’un forain qui attirait le chaland en salissant volontairement des draps pour justifier de les céder ensuite à un prix défiant la concurrence. Inutile de vous dire que le client qui croyait faire une affaire était en réalité la dupe du marchand qui lui faisait payer le prix de sa crédulité.
Il y avait aussi un marchand de faïence et de porcelaine qui possédait une technique éprouvée et qui faisait toujours son petit effet. Il commençait classiquement par faire l’article en vantant la qualité et la finesse de sa vaisselle, la beauté et la précision de ses dessins soi-disant peints à la main, puis passait aux affaires sérieuses en annonçant une valeur exorbitante à son fameux service de 144 pièces, pour le moins, qu’il s’empressait de baisser dans une sorte d’enchères à l’envers, jusqu’à annoncer un prix supposé dérisoire, à telle enseigne qu’il se mettait à casser bruyamment des assiettes pour souligner l’effet de sacrifice de sa proposition. À la première assiette, un « oh ! » indigné montait de la petite foule rassemblée autour de ses tréteaux, et il n’en fallait généralement pas plus de trois pour que sortent les premiers billets des gogos alléchés par le baratin de l’adroit manipulateur. Je vous laisse dérouler vous-mêmes les analogies entre ces procédés commerciaux d’un autre temps et la pseudo modernité des tenants d’un monde nouveau, qui annonce surtout la liquidation totale des conquêtes sociales laborieusement accumulées et dont le slogan pourrait être : « des acquis, faisons table rase ! »