Faites vos jeux…
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le dimanche 25 février 2018 09:57
- Écrit par L'invitée du dimanche
Rien ne va plus ! Effectivement, rien ne va plus pour tous les accros du jeu emprisonnés dans leur addiction. On les appelle aussi des joueurs pathologiques, qui les amènent à pratiquer d’une façon persistante et répétée des jeux d’argent qui perturbent aussi bien leur épanouissement personnel que leur équilibre familial ou professionnel.
Du point de vue psychologique, ils ont des points communs avec d’autres dépendants comme ceux au tabac, à l’alcool, aux médicaments, aux substances illicites… mais la dépendance ne dépend pas d’un produit, c’est plutôt une attente d’une instance qui devrait donner une récompense, c’est peut-être la recherche d’un vide à combler qui se creuse sans arrêt et provoque un repli sur soi, les autres n’existent plus.
Pour ce type de joueur, le moteur n’est pas la recherche du gain facile, la conjugaison peurs et espoirs est stimulante. L’excitation et le plaisir sont provoqués par l’augmentation de la libération de dopamine et de noradrénaline par le cerveau, mais cet effet est de courte durée et pour provoquer à nouveau la libération de « la dose », le joueur doit reproduire le comportement pour reproduire l’effet ! La facilité d’accès aux produits facilite l’installation de la dépendance. Pour la psychanalyse, le jeu pathologique est une conduite d’autopunition en même temps qu’une reviviscence de la toute-puissance infantile mêlée à l’angoisse de l’attente de la punition, c’est aussi une tentative d’éliminer le principe de réalité au profit du seul principe de plaisir.
Lorsqu’il y a manque de moyens, on constate des symptômes de sevrage comme pour n’importe quelle autre addiction, manque de sommeil, irritabilité, agressivité, nervosité, perte d’appétit, dépression… et la recherche d’une addiction de remplacement et parfois le recours à la délinquance pour se procurer l’argent nécessaire à entretenir sa passion. Sur 25 millions de joueurs on évalue à 600 000 les joueurs pathologiques, 90 % sont des hommes, 20 % commettront des délits, 800 000 autres joueurs seront considérés comme à problème (le nombre est plus important dans les pays où le jeu est légalisé). La dépense moyenne par joueur est évaluée à 400 €, entre la mise et les gains la différence sort de leurs poches.
Les machines à sous sont les plus infernales, elles donnent l’impression qu’il est facile de gagner, car elles ne demandent aucune compétence, et l’on a du mal à s’arrêter, car à chaque fois que l’on perd on veut se refaire et à chaque fois que l’on gagne on continue pour gagner plus, au final on dépense plus que ce que l’on gagne !
En 2012, dans un billet sur les jeux de loterie et PMU comme fait de société enrichissant l’État, j’avais fait l’impasse sur les 19 casinos qui lui rapportent 4,7 milliards par an et qui n’existent que par l’autorisation du ministère de l’Intérieur. Leur exercice est très réglementé, ils ont par exemple pour obligation de retourner 85 % de leurs gains aux joueurs, pour éviter le blanchiment d’argent. (Il leur reste quand même 15 % sur 15 milliards de chiffres d’affaires.)
L’addiction aux jeux considérée comme une maladie chronique, on a mis en place des structures de soins annexés à des services psychiatriques où la pratique des psychothérapies cognitives ou comportementales donne 60 % de réussite, laissant malgré tout des séquelles financières et sociales sérieuses.
Pour info au cas où… joueurs info service 09 74 75 13 13, ou joueurs–info–service.fr ou SOS joueurs.
L’invitée du dimanche