Le Moscou Paris
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 27 février 2018 10:40
- Écrit par Claude Séné
C’est le surnom trouvé pour désigner le phénomène météorologique qui affecte l’Europe en ce moment. Cette vague de froid n’a rien que de très ordinaire quand elle concerne les personnes qui possèdent un toit et les moyens de se chauffer, comme moi, et probablement comme vous. C’est une tout autre affaire pour ceux qui sont contraints de dormir dehors, malgré les imprudentes promesses du président Macron. C’est le moment où les risques mortels encourus par les SDF obligent les médias et l’opinion publique à regarder la réalité en face : on peut mourir de froid, mais aussi de dénuement et d’indifférence dans la 5e puissance économique mondiale.
Et c’est au nom de l’équité que le Premier ministre s’attaque aux prétendus privilèges des cheminots. Je l’invite à aligner son salaire et sa retraite sur ceux des employés de la SNCF, et je veux bien qu’on en discute après. Mais le Moscou Paris, cela pourrait être aussi un axe politique au service de la paix mondiale, notamment en ce qui concerne la situation en Syrie. La diplomatie française est à la manœuvre en ce moment avec la visite de Jean-Yves Le Drian, ministre des Affaires étrangères, à son homologue russe, Sergueï Lavrov. Parmi les nombreux points qui vont être évoqués, la question du cessez-le-feu dans la région de la Ghouta orientale tient une place importante. La Russie a accepté de signer la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU, et l’on sait que le dictateur syrien est incapable de maintenir son effort de guerre sans le soutien de son puissant allié, mais les résultats sur le terrain ne sont pas encore probants. Seuls des couloirs humanitaires ouverts pendant quelques heures vont permettre de venir en aide aux populations civiles, victimes « collatérales » du conflit.
La France considère qu’elle doit maintenir le dialogue avec toutes les parties et elle a raison. Il n’empêche que Wladimir Poutine fera toujours passer ses intérêts personnels et ceux de la Russie avant tout autre considération, comme il l’a fait en Ukraine et en Crimée notamment. Les moyens de pression français sont notoirement insuffisants pour lui faire infléchir sa ligne de conduite autrement qu’à la marge. Seule une entente européenne, et encore, pourrait discuter d’égale à égale avec le président russe. Nous en sommes bien loin, même si la ligne Paris Moscou pourrait faire escale à Berlin, à présent qu’Angela Merkel semble avoir résolu la question de la coalition de gouvernement en suspens depuis les dernières élections. Il reste que l’équilibre fragile de la planète restera menacé tant que le locataire de la Maison-Blanche sera dans la main de la Russie, dont il devient plus clair chaque jour qu’elle a cherché, et probablement réussi, à influencer le résultat des élections présidentielles américaines.