Touche pas à mon pote
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 15 février 2018 10:34
- Écrit par Claude Séné
Touche pas à mon pote, il est ministre. Jusqu’à un passé récent, le gouvernement se devait d’être exemplaire. Monsieur Propre avait demandé et obtenu la démission de ministres simplement soupçonnés d’avoir profité de leur situation pour en tirer quelque avantage financier. Il est vrai qu’ils venaient principalement de l’allié Modem, dont Jupiter ne souhaite pas qu’il lui fasse de la concurrence sur son propre créneau centriste. Subitement, le pouvoir vient de se rappeler que la présomption d’innocence s’appliquait jusqu’à preuve du contraire. François Bayrou ou Marielle de Sarnez apprécieront de ne pas en avoir bénéficié.
Concernant Nicolas Hulot et Gérald Darmanin, en revanche, il leur est demandé expressément de rester à leur poste et de tenir bon, tant qu’ils ne sont pas mis en examen. Une hypothèse qui n’est pas exclue concernant le ministre de l’Action et des comptes publics, visé par une deuxième plainte à caractère sexuel pour abus de faiblesse. A priori, Nicolas Hulot, lui, devrait y échapper, les faits qui lui sont reprochés étant prescrits. On attendait avec intérêt la prise de position de sa collègue du gouvernement, Marlène Schiappa, chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, qui a été à la pointe du combat pour la libération de la parole des femmes et a soutenu les témoignages de « balance ton porc » ou de « me too ». Oui, mais ça, c’était avant. Quand cela touchait un producteur américain, la secrétaire d’État n’avait aucun état d’âme. S’il s’agit d’un collègue français, il lui a bien fallu 48 heures avant de pouvoir s’exprimer sur le sujet en toute indépendance et en son âme et conscience. Après avoir esquivé micros et caméras pendant deux longues journées, elle a enfin réagi publiquement en apportant son soutien à Nicolas Hulot, contre l’article de l’Ebdo, remettant en cause, de fait, la parole de la victime présumée. Un exercice d’équilibriste, sous forme de figure imposée, qui n’a pas convaincu.
À sa suite, le ban et l’arrière-ban de la Macronie a été prié de monter au créneau et plus une seule tête ne semble dépasser, chacun ayant bien compris qu’elle serait immédiatement coupée si c’était le cas. Mais si le sommet de l’état semble bien faire bloc, on commence à percevoir quelques fissures dans la base du mouvement. Quelques députés de la majorité semblent douter et préfèrent garder un silence prudent en attendant les développements des affaires. Nous sommes encore loin d’une fronde, mais les « marcheurs » pourraient bien finir par refuser de marcher au pas si les soupçons se confirmaient d’une moralité à géométrie variable, symbole d’un « ancien régime » supposé révolu.