Un temps précieux
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 20 décembre 2017 09:37
- Écrit par Claude Séné
Alors que François Gabart vient de battre le record du tour du monde à la voile en solitaire, avec un temps de 42 jours 16 heures 40 minutes et 35 secondes, soit presque moitié moins que Philéas Fogg en ballon, ce dont j’avoue, je ne me soucie guère plus que d’une guigne, voilà que nous apprenons que le Premier ministre a économisé deux heures sur son voyage de retour depuis la Nouvelle-Calédonie. Il a donc fait encore mieux que notre Johnny national au cours du Paris-Dakar, quand il s’exclamait au bivouac : « dire que si on n’avait pas perdu une heure et quart, on serait là depuis une heure et quart ! »
L’affaire était d’importance. Édouard Philippe devait absolument être revenu sur le territoire national avant que le président Emmanuel Macron le quitte pour se rendre en visite officielle en Algérie, où le président Bouteflika devait piaffer d’impatience dans son fauteuil roulant en attendant l’arrivée de son homologue français. Il est impératif que le Premier ministre et le président ne soient pas absents en même temps, sinon, il faut faire appel au troisième personnage de l’état en la personne du président du Sénat. C’est faisable, mais bon. Et puis on avait calé un conseil de défense à 8 heures, enfin, bref, je vous passe les détails, ça n’arrangeait personne que le Premier ministre arrive à 9 h 30 dans un avion militaire tout pourri, alors que l’on pouvait affréter un vol privé à Tokyo pour atterrir à 7 h 30 à Orly, moyennant la modique somme de 350 000 euros. Ah ! je m’en doutais. Je vous entends déjà pousser les hauts cris en levant les bras au ciel, c’est le cas de le dire. Vous trouvez ça cher. À vrai dire, dans un premier temps, moi aussi. Mais songez que cela ne fait que 6 000 euros par tête pour une délégation de 60 personnes. Ah, oui, 60 personnes quand même, me direz-vous. Je voudrais bien vous y voir, vous, dans une ancienne colonie à moitié hostile, dont vous connaissiez à peine l’existence avant d’être nommé à Matignon. C’est des coups à rallumer la guerre civile, si on n’est pas secondé.
Alors ça semble cher comme ça, mais il parait que le précédent déplacement, celui de Manuel Valls en 2016, avait coûté 30 % de plus. Le confort du Premier ministre et de sa smalah, ça n’a pas de prix. On voit déjà les dégâts de sa politique quand il est reposé et en principe de bonne humeur, je préfère ne pas courir le risque de décisions prises après de mauvaises conditions de voyage. Matignon n’a toutefois pas précisé si le coût du transport incluait le prix de l’appareil militaire tout pourri qui a atterri presque à vide à Roissy à 9 h 30, comme prévu.
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