Esprit chagrin

J’avoue. Je me suis senti visé par la déclaration définitive d’Emmanuel Macron au sujet des esprits chagrins qui ont critiqué son séjour en famille au château de Chambord, en y voyant un symbole monarchique. Comme s’il m’avait vu venir, moi et les quelques politiques et journalistes qui n’ont pas fait de la brosse à reluire leur principal outil de travail, au contraire de Laurent Delahousse. Je dirais même que je fais partie des mauvais esprits qui ont cru qu’il voulait y célébrer son 40e anniversaire, lui qui ne songeait qu’à fêter Noël avec un peu d’avance.

Que voulez-vous ? On a tellement dit et répété que la France était devenue une monarchie républicaine, que nous avons tendance à le croire, et le président de la République ne fait pas exception, lui qui se défend, trop et naïvement, de multiplier les symboles de son pouvoir olympien depuis son intronisation en grande pompe au Louvre. Pour sa défense, après le « je fais ce que je veux », il précise que sa petite fête a été payée sur ses deniers propres et non sur le budget de l’Élysée. Fort bien. Parlons-en justement. Après avoir été taxé à juste titre d’être le président des riches, à cause des mesures fiscales constantes en leur faveur, nous apprenons cette semaine, sans grande surprise, qu’il dispose d’un gouvernement de nantis après la publication des déclarations de patrimoine de ses ministres. Manque de chance, les Français ne sont pas persuadés, comme les Américains, qu’un politique riche est un homme ou une femme qui démontre ainsi sa capacité à bien mener la barque collective comme la sienne propre. Une conviction à double tranchant puisque le seul ministre à déclarer un patrimoine modeste est celui du Budget, rebaptisé l’Action et les Comptes publics, et qu’on le soupçonne d’être un panier percé qui n’économise rien sur ses confortables indemnités.

Revenons donc à Emmanuel Macron, qui payerait ses dépenses privées sur sa cassette. Qui lui remplit son bas, sinon les Français qui lui allouent comme il est normal une liste civile pour subvenir à ses besoins, nécessairement modestes puisque tous ses frais sont payés ? À ce compte-là, je veux bien moi aussi faire le généreux et le désintéressé et payer en personne mon petit réveillon. Je vous rassure tout de suite, mes goûts ne seraient pas aussi dispendieux et je tâcherais de trouver des symboles plus républicains. L’opéra Bastille par exemple, ou le théâtre de la Commune à Aubervilliers. Ou encore la Cartoucherie de Vincennes, où j’ai le souvenir d’un « 1789 » grandiose. Mais je suis un esprit chagrin, nostalgique du vieux monde et de ses utopies créatrices.

Commentaires  

#1 jacotte 86 18-12-2017 10:41
arrête de râler ça va finir par se voir que tu n'aimes pas notre gentil et fringant président
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