En marche, arrière !

Bon, après une série d’élections à répétition marquées par de forts taux d’abstention, le moins que l’on puisse dire c’est que le renouvellement de la moitié des sénateurs ne passionnait pas les foules. Jusqu’au président de la République qui feignait de s’en désintéresser pour suivre de préférence les résultats en Allemagne, tout en espérant secrètement engranger une progression dans la haute assemblée où son mouvement n’avait débauché qu’une poignée de sénateurs. Les résultats sont tombés, et comme au bon vieux temps, tous les partis peuvent y trouver des motifs de satisfaction.

Les partis de droite des Républicains et leurs alliés conservent et accentuent leur prééminence, qui se traduira par la reconduction de Gérard Larcher à la présidence du Sénat. Le PS sauve les meubles, et une partie des ressources financières qui vont avec, en ne perdant « que » 17 sièges. Le PC conservera son groupe parlementaire et le FN ses deux élus. Quant aux macronistes, ils n’avaient pas de groupe constitué dans la précédente assemblée, mais rassemblaient des transfuges (qui a dit des traitres ?) d’autres formations politiques. Sous leur propre bannière, ils ne seront plus qu’une vingtaine, ce qui est à l’évidence un revers pour ne pas dire une veste tout entière pour Emmanuel Macron, qui affectionne tant les costards. Le mode de scrutin ne suffit pas à lui seul à expliquer cette défaite, la première du quinquennat. Le manque d’implantation locale chez les grands électeurs est un handicap évident pour un mouvement aussi récent, mais les erreurs stratégiques vis-à-vis des municipalités, dépossédées d’une partie de leurs prérogatives tout en étant privées de certaines ressources, ont aussi compté dans la balance.

Ces mauvais résultats ne pèseront guère dans le vote des lois « ordinaires », mais ne permettront pas de sitôt de pratiquer des révisions constitutionnelles qui requièrent une majorité des trois cinquièmes des deux assemblées réunies en congrès. Il faudra au président attendre trois ans au minimum pour espérer inverser la tendance, ce qui représente une éternité en politique, ou bien avoir recours au référendum, par exemple pour abaisser le nombre de parlementaires comme il le souhaite. Là encore, il faudrait être devin pour en prédire le résultat, mais les dernières consultations de ce type ont toutes démontré que les peuples répondaient rarement à la question posée, et transformaient le scrutin en vote d’adhésion ou de refus d’une personne ou d’une politique. Si l’on en juge par la cote actuelle de Macron, malgré un rebond récent, et l’érosion continue qui frappe tous les dirigeants de notre passé immédiat, l’exercice comporte des risques évidents, et encore plus si le président lie son sort à celui de la réforme, comme De Gaulle en 1969.

Commentaires  

#1 jacotte 86 25-09-2017 11:04
chiche !je prends les paris sur la décision maladroite d'un referendum , la taille de l'égo de notre président lui permettant de se croire plus fort que les plus grands donc au-dessus d'un revers comme celui subi par DE Gaulle...y a qu'a attendre!
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