Seuils : attention à la marche
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 15 septembre 2017 10:35
- Écrit par Claude Séné
Le secours populaire français publie les résultats d’un sondage réalisé avec Ipsos pour la 11e année consécutive sur le ressenti des Français par rapport à la pauvreté. Et le constat est édifiant : plus de la moitié des personnes interrogées a déjà été menacée ou a craint de tomber dans la pauvreté et un tiers l’a déjà expérimentée dans son existence. Des chiffres confirmés par une hausse constante des demandes d’aide reçues par l’association. Parmi les plus touchés, on trouve un nombre croissant de seniors, tordant le cou à une idée reçue qui les juge globalement plus riches que la moyenne.
Selon cette enquête, les Français considèrent que l’on est pauvre si l’on gagne moins de 1113 euros par mois. Ce seuil de pauvreté est purement subjectif, mais il est remarquable de noter qu’il s’élève chaque année un peu plus, tant le ressenti du coût de la vie grandissant pèse sur l’appréciation de sa situation personnelle. Figurez-vous que ce chiffre, encore une fois très empirique, rejoint celui de l’Insee qui a établi ce seuil à 1015 euros mensuels pour 2016. Le mode de calcul est basé sur une donnée objective, le revenu médian des Français, celui qui partage la population en deux parties égales. Sont considérés comme pauvres ceux qui touchent moins de 60 % de ce revenu.
Un chiffre à rapprocher de celui retenu par le gouvernement dans l’appréciation d’un « seuil de richesse » fixé à 1200 euros mensuels pour payer ou non l’augmentation de la CSG sur les retraites. Une situation ubuesque, ou kafkaïenne, au choix. À 1015 euros, vous êtes pauvre, à 1200 euros, vous êtes riches. Cherchez l’erreur. Entre les deux, les Français ont tranché, à 1113 euros, vous êtes bel et bien pauvre, et guère plus riche à 1200 euros. D’ailleurs, ce gouvernement se déjuge lui-même puisqu’il vient de fixer à 2500 euros mensuels le seuil au-delà duquel on ne pourra pas bénéficier d’une exonération de la taxe d’habitation. Ce qui, en creux, revient à admettre que l’on ne peut pas être considéré comme privilégié en dessous de ce revenu. Tous ces jeux de passe-passe autour de la fiscalité, je te prends ça, mais je te le rendrai avant l’août, foi d’animal, intérêts et principal, n’ont pour but que de masquer les vrais problèmes des inégalités sociales grandissantes dans notre pays. On désigne des boucs émissaires à la grogne populaire, des retraités soi-disant tous riches, des cheminots retraités trop jeunes, des fonctionnaires bénéficiant de supposés privilèges, des chômeurs accusés de fainéantise, tandis que les vrais nantis voient leur ISF diminuer comme s’ils n’avaient pas déjà accumulé assez de richesses. Comme aurait dit Coluche : « Misère ! »
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