Diacritique
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 14 septembre 2017 10:47
- Écrit par Claude Séné
Au cas où, comme moi, vous ignoriez ce que signifie diacritique, sachez que ce mot désigne un signe ajouté à une lettre pour en modifier la valeur, tel qu’un accent, une cédille, ou dans le cas qui va nous occuper aujourd’hui, un tilde. Si vous connaissiez déjà ce terme, bravo, et toutes mes excuses pour avoir sous-estimé votre culture, en me fondant immodestement sur la mienne. C’est ce fameux tilde placé sur un « n » qui a été refusé par le tribunal de grande instance de Quimper aux parents du petit Fañch, âgé de quatre mois, et qui devra donc s’appeler Fanch, tout court, selon la loi.
Quelle différence, me direz-vous ? Eh bien, en breton, le son an sans tilde se prononce « ann » comme dans kouign-amann et le son añ avec tilde se prononce an, comme dans flan. C’est peut-être un détail pour vous, mais pour les Bretons bretonnants ça veut dire beaucoup, et le petit Fañch ira à l’école Diwan, l’école bilingue en breton, il apprendra sa langue maternelle et son institutrice prononcera son prénom comme il se doit. Il n’y a pas encore si longtemps, les prénoms régionaux et notamment bretons étaient purement et simplement interdits. J’ai souvenir de familles entières où toute la fratrie était hors-la-loi avec des prénoms exclusivement bretons. De nos jours, le choix des prénoms est totalement libre, à condition que celui-ci ne porte pas préjudice à l’enfant par des connotations ridicules ou grossières. On connait tous des associations de prénoms avec des noms de famille difficiles à porter, du type Jean Bombeur, un célèbre graffeur dont c’était le nom de guerre. Ou encore le choix du prénom Mégane pour l’enfant de Monsieur et Madame Renault. Cela a même donné lieu à un jeu de société, monsieur et madame.
Grâce à cette libéralisation du choix des prénoms, on voit fleurir des noms qui se veulent tous plus originaux les uns que les autres, flirtant souvent avec ce ridicule décrié par la loi. Soit on choisit un prénom très exotique, que peu de gens porteront, soit on modifie un prénom existant pour le rendre unique, ou du moins le croit-on. Car, c’est bien connu, un grand nombre de personnes croient trouver le même oiseau rare au même moment, et l’on se rend compte que son prénom est porté par une multitude de gens se croyant originaux. On peut donc s’appeler comme on veut, sauf avec un tilde, considéré comme étranger à la langue française. À ce propos, saviez-vous qu’un macron est un signe diacritique ? En latin, en grec, ou en cyrillique, ce trait horizontal signale un allongement de la voyelle. On l’appelle parfois l’accent plat, ce qui ne manque pas de sel.
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