À couteaux tirés

Deux faits divers récents ont un point commun : l’utilisation d’une arme blanche. Le premier s’est déroulé à Mouscron, en Belgique. C’est le bourgmestre, le maire, qui a été victime d’un coup de couteau, alors qu’il fermait les grilles du cimetière, et il en est malheureusement décédé. Le second a eu lieu à Paris, après un vol à l’arraché, à la suite d’un lynchage par les témoins. Cette fois le voleur est entre la vie et la mort. Dans les deux cas, nous sommes frappés par la sauvagerie de ces évènements, plus encore que s’il s’agissait de fusillades.

En effet, si nous ne sommes pas aussi touchés que les États-Unis par la prolifération des armes à feu, qui entraînent des drames quasi quotidiens, nous n’échappons pas à la violence que représentent les armes blanches. D’une certaine façon, ces armes sont même plus cruelles que les pistolets, révolvers ou autres fusils, car elles impliquent généralement la notion de corps à corps, de combat rapproché, de proximité physique. Contrairement aux armes à feu, leur achat et leur détention ne sont pas soumis à déclaration, ni à l’obtention d’un permis. Cependant, leur port et leur transport sont en principe interdits sans un motif légitime. La simple définition administrative d’une arme blanche est de nature à faire froid dans le dos, puisqu’elle vise « toute arme dont l’action perforante, tranchante ou brisante n’est due qu’à la force humaine ». En pratique, il s’agit généralement de couteaux et autres poignards possédant une lame suffisamment longue et solide pour tuer ou blesser gravement sa victime.

Son utilisation n’est bien sûr pas nouvelle dans le monde de la pègre, comme en témoigne un vocabulaire riche de dénominations pittoresques, telles que le surin, le schlass, la lame, la lardoire ou l’eustache. C’était l’arme préférée des « apaches » qui voulaient effrayer les bourgeois venus s’encanailler dans les quartiers louches, pour leur soutirer leur montre en or. Loin de ce folklore d’un autre temps, l’arme blanche est aussi devenue un des « outils » de travail des terroristes. Facile à se procurer, très bon marché, ne nécessitant pas de logistique sophistiquée, elle permet de faire beaucoup de victimes pour un investissement dérisoire. Peu repérable, elle est facilement dissimulée dans les vêtements et elle provoque un effet dévastateur en frappant l’opinion publique. Les armes blanches telles que couteaux et haches sont associées à la notion de barbarie qui caractérise précisément les mouvements terroristes actuels qui les utilisent fréquemment. Leur intrusion dans l’actualité avec ces faits divers introduit une notion de banalisation, qui finit par être aussi inquiétante que les violences volontaires et préméditées des djihadistes.

Commentaires  

#1 jacotte 86 13-09-2017 12:16
doit-on se sentir menacés par un webmaster qui collectionne ces armes blanches? j'espère que non..
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