Sacrifice… ou contrainte ?

L’intervention un peu inattendue de François Hollande lors du festival d’Angoulême donnant conseil à son successeur : « Il faut éviter de demander des sacrifices aux Français qui ne sont pas utiles » m’a ouvert des questionnements sur cette notion de sacrifice qui s’emploie au sens réfléchi « se sacrifier » et au sens direct « sacrifier ».

Au sens littéral, faire un sacrifice c’est « faire sacré » par une offrande d’une vie, des objets, à une divinité et cela s’inscrit largement dans le domaine du religieux, mais aussi dans le social et le politique. Il y a aussi sous-entendu le renoncement volontaire à quelque chose, l’acceptation d’une perte ou d’une privation souvent sur le plan financier. Il y a dans le sacrifice l’idée d’aller au secours des autres et de le faire savoir et aussi l’idée d’agir sur celui à qui l’on donne.

On pourrait parler du côté Jeanne d’Arc qui habite les gens aptes au sacrifice, leur abnégation peut devenir légendaire. Le sauveur donne beaucoup, mais il reçoit peu, les bénéficiaires de son sacrifice se sentent parfois trop redevables, au point de se sentir coupables d’être responsables de la perte de leurs bienfaiteurs, ce qui les rend ingrats !

On connaît tous de ces mères qui disent avoir sacrifié leur vie pour le bien-être de leur famille, chargeant cette dernière de dettes inconscientes difficiles à régler. Quoi qu’il en soit de la difficulté d’assumer son sacrifice, il reste cependant source de satisfaction positive, autant qu’une recherche de reconnaissance et de pouvoir, souvent la marque d’une recherche d’affection, ou d’une meilleure estime de soi grâce à une pseudo générosité, car souvent il y a la recherche d’obtenir.

On peut se sacrifier pour une cause juste, une idée jugée supérieure, ce qui s’illustre dans notre triste actualité, les auteurs d’attentats terroristes sont tous prêts à donner leur vie pour leur vision de l’islam, le drame c’est que se sacrifiant eux-mêmes, ils acceptent de sacrifier des vies innocentes qui, elles, n’avaient aucun désir de la perdre pour un hypothétique paradis.

 François Hollande aurait dû dire : « Il faut éviter d’imposer des sacrifices aux Français… » Car, si on me l’avait demandé, je n’aurais pas été volontaire pour payer plus de CSG, plus de taxe d’habitation, et rogner mes revenus, comme je dois m’y attendre. Je n’ai vraiment aucune envie de me sacrifier, ne voyant aucune cause supérieure qui le justifie. Il en eût été autrement pour un projet de société plus égalitaire où naïvement, on aurait pris aux riches pour donner aux pauvres. En attendant, c’est seulement contrainte et forcée que je contribuerai à l’effort que notre ministre des finances demande aux 60 % de retraités ayant plus de 1200 € de revenus, pour, parait-il, aider les nouvelles générations qui elles, c’est sûr, sont sacrifiées sur l’autel du profit et du libéralisme.

L’invitée du dimanche