Cochon qui s’en dédit
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 30 août 2017 10:21
- Écrit par Claude Séné
Décidément, le cochon a le vent en poupe dans l’actualité. Il y a près de chez moi une petite commune de l’estuaire de la Loire qui organise tous les ans une fête campagnarde sur le site de son port d’échouage, témoin de sa splendeur passée. Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir récemment une affichette annonçant la fête du port, dans laquelle on a remplacé le « T » par un « C » dans une graphie différente pour bien souligner le jeu de mots. Je suppose qu’il y sera vendu force charcutailles.
Je n’ai pas pu m’empêcher de faire le rapprochement avec d’autres manifestations dans lesquelles le cochon a servi, ou sert encore, de prétexte à la discrimination des musulmans. Souvenons-nous de la « soupe au cochon » distribuée gratuitement aux SDF par le Front national, jusqu’à ce que le Conseil d’État condamne cette pratique en 2007. Plus près de nous, des artistes, qui devaient chanter au cours d’une fête organisée à Hayange, une ville de Moselle tenue par l’extrême droite, ont renoncé à leur prestation et au cachet qui va avec, quand elles ont découvert qu’elles auraient participé à « la fête du cochon », une appellation évidemment polémique et provocatrice qu’on leur avait soigneusement cachée jusque-là. Parmi les chanteuses des « drôles de dames », Enzo Enzo, dont on connait la chanson « juste quelqu’un de bien », et qui a dû vouloir continuer à se regarder dans la glace le matin.
Et c’est précisément le moment où le tribunal administratif de Dijon a rendu son arrêt en annulant purement et simplement la décision de la mairie LR de Chalon-sur-Saône de ne plus proposer de menu de substitution au porc dans ses cantines scolaires, au nom d’une conception totalement faussée de la laïcité. Il aura fallu 2 ans pour aboutir au rétablissement d’un système qui fonctionnait fort bien auparavant et qui n’avait été supprimé que par pure idéologie, et l’on peut compter sur la mauvaise foi du Maire pour faire traîner les choses le plus longtemps possible et éviter de se conformer à cette décision de justice. Une décision purement locale, mais qui pourrait faire jurisprudence et relancer la polémique de 2015, quand Sarkozy et Wauquier tentaient de s’emparer de la question pour débaucher quelques électeurs front national, avec l’insuccès que l’on sait. À force de courir derrière l’extrême droite, la droite classique a surtout ouvert un boulevard à l’extrême centre, bien aidé il est vrai par l’ambiguïté des gouvernants de l’époque, incapables de proposer une ligne politique claire en accord avec les espoirs qu’avait fait naître la gauche. En voyant le résultat, que dire d’autre que : « eh ben, mon cochon ! »