Prenez-en de la graine
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 29 août 2017 09:25
- Écrit par Claude Séné
Le regretté Frédéric Dard aimait bien émailler la série parodique des San Antonio de citations fabriquées sur mesure, dont celle-ci : « prenez-en de la graine » qu’il attribuait à Louise de Vilmorin. Ça m’aurait amusé d’être une petite souris et d’entendre ce que le président Macron a bien pu dire à ses troupes de ministres et de secrétaires d’État au cours du séminaire qui vient de se dérouler pour marquer la rentrée du gouvernement. Le court extrait diffusé à la télévision où le président fustige les Cassandre porteuses de mauvaises nouvelles, quand elles ne les fabriquent pas, m’a laissé sur ma faim.
Quel rapport avec madame de Vilmorin, me direz-vous, si vous suivez un tant soit peu ? Mais l’étymologie, parbleu ! en latin, séminarium désigne une pépinière, là où l’on fait éclore les graines, où on les soigne amoureusement, où on les fait grandir et prospérer, avant de les laisser vivre leur vie de plantes adultes et devenir des arbres vigoureux et autonomes. Et le séminaire, surtout le grand, reste le lieu privilégié de la formation des prêtres apostoliques et romains, chargés de répandre la bonne parole en vue de l’évangélisation des masses laborieuses, enclines à la paresse intellectuelle et à l’oisiveté, mère de tous les vices comme chacun sait. Le parallèle est frappant. Ce gouvernement est en mission, un peu comme les douze apôtres de Jésus de Nazareth. D’ailleurs, les choses n’ont pas traîné puisque pas moins de quatre ministres étaient mandatés dans les matinales à la radio pour expliquer ce qu’ils avaient eu ordre de taire jusqu’à présent. Rien que le terme de ministre est commun à l’exercice de la politique et à celui du culte. Si ce n’est pas une preuve, çà !
Donc, officiellement, le petit séminaire de rentrée est supposé s’être déroulé dans la franche camaraderie et l’euphorie générée par la bonne humeur générale. Et pourtant quelque chose me dit que les murs ont dû résonner au moins autant que ceux des vestiaires d’une équipe de football à la mi-temps quand les joueurs locaux se retrouvent menés au score après une première période calamiteuse. Les récents sondages, les maladresses de communication et autres couacs gouvernementaux ont dû amener l’entraîneur à remonter quelques bretelles et à souffler dans certaines bronches, en oubliant naturellement de mentionner la tactique qu’il a mise en place et qui ne produit pas les résultats escomptés. À sa décharge, Édouard Philippe, le Premier ministre, est très loin d’être Neymar, mais lui non plus, Emmanuel Macron, le président, n’est visiblement pas Zidane.