Hommage à Madame Yoyotte

Et à tous ces travailleurs qui permettent à l’industrie cinématographique d’exister !

Marie-Josèphe Yoyotte, chef monteur, est décédée le 18 juillet dernier et malgré sa renommée dans le milieu cinématographique, puisqu’elle a obtenu cinq Césars de meilleure monteuse, n’a eu droit qu’à quelques colonnes dans le journal Le Monde… d’autres grandes stars disparues ce mois-là méritaient sans doute plus l’attention des médias.

Elle était bien connue de « nos services », puisque souvent repérée dans les génériques, dans un jeu qui consistait pour mes filles à rechercher les noms les plus originaux qui défilaient en fin de projection.

Il faut avouer que s’appeler Marie-Josèphe Yoyotte pouvait porter à sourire, mais en même temps ouvrait un réel intérêt pour son métier.

Le monteur assure l’assemblage des plans et des séquences d’un film, il donne du sens esthétique au projet par son choix, son assemblage, l’insertion du son, il y a bien sûr une partie technique de maîtrise des outils évidente, mais aussi une partie artistique importante. Entouré d’assistants et de stagiaires, c’est lui qui fait le choix des prises, la mise en ordre des séquences, il ajoute, supprime des improvisations, il met tout bout à bout pour obtenir ce qu’on appelle « l’ours » dont la première projection permet d’affiner les raccords, la durée des plans de montage, les déplacements de séquences, etc. Un montage réussi dont la durée varie de 8 à 18 semaines, est un mélange subtil de maîtrise technique, de créativité, un montage raté peut vous couler un film !

Madame Yoyotte a travaillé avec les plus grands, de Jean Rouch à Truffaut en passant par Yves Robert, pendant 50 années d’exercice, on ne compte plus les films qui ont obtenu grâce à elle un succès mérité.

À travers elle, l’occasion est trop belle de rendre hommage à toutes ces professions que l’on voit défiler le plus souvent dans la plus grande indifférence du spectateur lorsque la salle se rallume. On a bien alors une idée, à la longueur du générique de toute l’énergie qu’il a fallu pour qu’un produit fini distraie le spectateur. Elles sont classées par branches dont je ne ferai pas le détail, car ce serait fastidieux : la branche réalisation, la branche administration, la branche régie, la branche image, la branche son, la branche costume, la branche maquillage, la branche coiffure, la branche décoration, la branche montage avec en amont bien sûr, un scénariste, un réalisateur et des acteurs !

Tout ce joli monde indispensable, s’est formé soit sur « le tas », en gravissant les échelons, après avoir fréquenté des universités possédant des sections audiovisuelles bac+2 ou plus 6, soit dans les trois écoles publiques, la FEMIS ancienne IDHEC, soit l’école nationale Louis Lumière, soit l’école supérieure de Toulouse, ou dans de nombreuses écoles privées. Tous ces acteurs de l’ombre font partie des intermittents du spectacle, et même quand ils ont la notoriété de Marie-Josèphe ne font donc pas fortune dans cette grande industrie !

Un grand merci à eux tous qui permettent à cette branche de la culture de continuer à se développer pour notre plus grand plaisir, soyons nombreux à ne pas les oublier !

L’invitée du dimanche

Commentaires  

#1 Isabelle 10-09-2017 11:29
Grand merci pour cette "nécro", elle m'aurait manqué dans des colonnes d'une telle qualité que les vôtres. Ne rabaisse pas trop celle du Monde qui était assez exhaustive (et pas si courte finalement) et dans laquelle j'ai appris étonnée que Mme Yoyotte avait la peau noire et qu'elle avait à l'origine l'ambition de devenir costumière. Comme quoi...
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