Chopin
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 26 août 2017 10:25
- Écrit par Claude Séné
En argot de la belle époque, un chopin, c’est une bonne affaire, une aubaine, et monter un chopin signifie préparer un mauvais coup. C’est un peu l’impression que me laisse le déplacement d’Emmanuel Macron en Europe centrale et son attaque frontale contre la Pologne au sujet des travailleurs détachés. La Première ministre polonaise a évidemment répliqué en laissant entendre que le président français essayait de se refaire la cerise sur le dos des Polonais après ses déboires intérieurs et la baisse de sa popularité, et je ne peux pas lui donner entièrement tort.
Évidemment, Emmanuel Macron a raison de vouloir un aménagement de la législation sur les travailleurs détachés, qui permet actuellement de pratiquer un dumping social en toute légalité, et je n’ai aucune sympathie pour les idées défendues par le gouvernement polonais actuel, soutenu par le parti ultraconservateur Droit et justice. Il n’empêche que ce ne sont pas là des manières civilisées et que ni la France, ni l’Europe n’ont quoi que ce soit à gagner en maniant l’insulte à l’égard d’un pays membre, au risque de le faire se recroqueviller encore plus sur lui-même et aliéner ses chances d’évoluer dans le bon sens. Cette situation me rappelle une chanson écrite par Jean-Loup Dabadie, dans laquelle le narrateur se trouve à l’hôtel des voyageurs et entend tous les soirs monsieur Machin lui jouer sa polonaise. J’ai le sentiment que monsieur Macron s’est pris pour Frédéric Chopin et qu’il veut épater la galerie en montrant ses muscles pour bien démontrer qu’il est le premier et le plus grand défenseur de l’Union européenne.
Et « en même temps », selon l’expression désormais consacrée, il se pose en protecteur de la classe ouvrière française contre le fameux plombier polonais qui a servi un temps d’épouvantail aux eurosceptiques. Ce qui ne l’empêche pas de préparer ses mauvais coups contre elle au travers de la précarisation voulue par les ordonnances à venir incessamment sous peu. Il y a toutefois de grandes différences entre le compositeur d’origine polonaise et le président de la République. Si le premier était un pianiste virtuose, le second nous jouerait plutôt du violon, et pas très bien de surcroît. Par coïncidence, c’est à l’âge de 39 ans qu’Emmanuel Macron a connu l’accession au pouvoir et la consécration d’une carrière politique éclair dans laquelle il n’a pour l’instant rien démontré, tandis que Frédéric Chopin décédait au même âge, au sommet de son art, emporté par la maladie contre laquelle il luttait depuis toujours. Il laisse derrière lui une œuvre majeure et aura marqué son temps. Tout le monde ne peut pas en dire autant.
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