Maudits Français !

Ce n’est pas cette expression empruntée à nos cousins de la belle province que le chef de l’état a employée dans son discours de Bucarest, mais c’est bien la tonalité de ce qu’il a voulu exprimer. Contredisant sa propre consigne de ne pas parler de politique française depuis l’étranger, il n’a pas pu s’empêcher de manifester son agacement devant les signes d’indépendance d’esprit de ses compatriotes dont il aimerait faire ses sujets. Après les différentes annonces de l’été, en effet, on assiste à la montée des sujets de mécontentement.

Forcément, ça énerve. Si l’on essaye de suivre la fameuse « pensée complexe » du président, celle que les interviews du style 14 juillet de ses prédécesseurs ne saurait suffire à refléter, la France est un très beau pays, bien dirigé, bien administré, et qui n’a qu’un seul défaut, comme disait Brassens, qui est d’être habité par des gens, des imbéciles heureux qui sont nés quelque part. Selon un sondage récent, si la moitié des personnes interrogées préfère attendre et voir avant de juger l’action d’Emmanuel Macron, un tiers se dit déjà déçu des premières annonces et ils ne sont que 14 % à se déclarer satisfaits. Un résultat bien décevant et qui devrait pousser Jupiter à descendre de son Olympe. Puisque la stratégie de la rareté de la parole a échoué, le président envisage de répandre sa bonne parole une ou deux fois par mois. Pas sûr que cela soit plus efficace. Macron commet la même erreur que la plupart de ses prédécesseurs qui ont cru plus ou moins sincèrement que ce n’était pas leur politique qu’il fallait changer, mais les Français, pour les persuader d’y adhérer contre toute évidence. C’est la fameuse « pédagogie » qui serait censée transformer les vessies en lanternes. Du temps déjà un peu lointain où je baignais dans le milieu de l’éducation, nous raillions certains pédagogues qui échafaudaient une conception de l’école totalement désincarnée, l’école parfaite étant celle où il n’y aurait pas d’enfants pour contrarier les visions géniales des idéologues.

Il semble que Macron aimerait bien une France débarrassée de ses habitants, de grands enfants qui « détestent les réformes » et à qui il faut inculquer un savoir, quoi qu’il leur en coûte et même s’ils n’en ont pas envie. Nonobstant l’immense sagesse de son président, sa brillante intelligence et l’ampleur de sa culture économique, il commet une légère erreur d’appréciation. Les Français ne sont pas hostiles à tout changement. Ils ont fait 1789, 1936, et mai 68. Ce à quoi ils répugnent c’est à lâcher la proie pour l’ombre, à abandonner les maigres avantages dont ils disposent encore pour un futur hypothétiquement meilleur. C’est le bon sens même.

Commentaires  

#1 jacotte 86 25-08-2017 11:15
je trouve toujours insultant d'être ramenée à une masse floue qu'on appelle "les français"... donc individuellement je répugne aussi au mensonge et au mépris de moins en moins dissimulé de notre chef d'état qui s'en repentira bientôt j'espère
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