Vocations ratées
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 24 août 2017 10:40
- Écrit par Claude Séné
Le monde de la finance a failli laisser passer définitivement l’opportunité d’utiliser les talents cachés de l’ancien premier ministre de Nicolas Sarkozy. François Fillon, que l’on croyait désintéressé, uniquement préoccupé par le bien public, avait en réalité des affinités électives avec les faiseurs d’argent purs et durs. Et ceux-ci le lui rendent bien puisqu’il vient de rejoindre en qualité d’associé la compagnie financière Tikehau, fondée par des traders de la City londonienne, ayant pignon sur rue et cotée en Bourse.
L’ancien candidat malheureux à l’élection présidentielle va enfin pouvoir déployer ses aptitudes à faire fructifier son petit patrimoine de paysan sarthois et celui des autres, puisque la société Tikehau capital, comme son nom l’indique, est spécialisée dans la gestion d’actifs et d’investissements. Bien sûr, François Fillon a montré quelques dispositions dans la gestion de ses affaires personnelles en faisant « travailler » la famille. Il a également gagné un peu d’argent grâce à la société de conseil dont il était l’unique bénéficiaire et il a réussi à conserver la moitié de l’argent de la campagne présidentielle aux dépens de son ancien parti les Républicains, pour qui l’on imagine qu’il n’aura pas le culot de conserver son adhésion. Mais c’était de l’amateurisme. Un peu comme le caissier de la banque qui voit passer des sommes considérables sans pouvoir en conserver la moindre liasse. Fini de jouer « petit bras », place à la vraie monnaie. Et que peut-il apporter à ses nouveaux employeurs, sinon un carnet d’adresses bien rempli ? Un exercice à la limite de la moralité, qui pourrait devenir franchement illégal et relever du conflit d’intérêts si les politiques pratiquaient des aller-retour avec le monde des affaires. Un cousinage bien dangereux dans tous les cas, ouvrant la voie à des influences plus ou moins proches de la corruption.
Rien de tel chez Jean-Pierre Raffarin, lui aussi ancien premier ministre et retraité volontaire de la vie politique, qui va suivre l’exemple de Roselyne Bachelot en devenant chroniqueur sur le service public pour l’émission de Laurent Delahousse le dimanche soir à France 2. On connaissait le goût du sénateur de la Vienne pour la société du spectacle, lui qui ne résistait jamais à l’envie d’avoir envie de réciter du Johnny Halliday dans le texte, qui citait Lorie, une chanteuse justement oubliée depuis, et qui ne ratait aucune occasion de faire allusion à son passé de rocker et de blouson noir. Après 40 ans de carrière politique, il va enfin pouvoir laisser libre cours à son inspiration et donner son opinion librement, sans rouler son propos dans des raffarinades dont il avait le secret. Et je ne serai pas étonné qu’il pousse la chansonnette à l’occasion.