La lézarde
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 26 juillet 2017 11:09
- Écrit par Claude Séné
Au début, on ne la voit pas, ou si peu. Le bâtiment a l’air on ne peut plus solide, taillé à chaux et à sable, destiné à durer quasi éternellement. Puis la fente s’élargit, la fissure devient crevasse, mettant en péril la solidité de l’édifice. La lézarde révèle ainsi en général un défaut dans la conception de l’ouvrage, une fragilité dans les fondations ou un terrain insuffisamment stabilisé sur lequel a été édifiée la construction. Il y a encore très peu, la maison Macron paraissait indestructible. Le propriétaire y disposait de toutes les commodités et rien ne semblait pouvoir le menacer.
Sans que l’on sache exactement pourquoi, des éléments sont venus gripper un peu le processus et le parcours sans faute du nouveau pouvoir. D’aucuns diront qu’il s’est tout bêtement heurté à la réalité des faits, qui sont, comme chacun le sait, têtus. Que ce soit dû au différend avec son chef d’état-major, ou à des mesures mal perçues par l’opinion, toujours est-il que le président a subi une chute massive de sa cote de popularité, comme ses prédécesseurs, et même un peu plus. Et les conséquences des ordonnances sur le Code du travail sont encore à venir, de même que la hausse de la CSG et les rabotages budgétaires qui vont toucher tous les secteurs d’activité. Alors que jusqu’ici tout le vil plomb touché par Macron se transformait en or, l’alchimie fonctionne à l’envers. Ainsi de sa décision de snober le colloque international sur le SIDA où son absence a été interprétée, non sans raison, comme un signe d’indifférence. Il lui faudra bientôt rattraper les bourdes de ses partisans : celle de Christophe Castaner chargeant maladroitement le général de Villiers, celles de Marlène Schiappa accumulant les bévues sous couvert de féminisme, celle de Claire O’Petit se moquant des étudiants qui pleurent pour 5 euros, j’en oublie sûrement.
Ce qui n’est pas négligeable non plus, ce sont les voix discordantes qui commencent à se faire jour au sein du propre mouvement créé de toutes pièces pour faire élire le président. Ce rassemblement hétéroclite, dont Emmanuel Macron voudrait faire un parti, perdant au passage la seule justification de son existence qui était de rompre avec les anciennes pratiques, va devoir se trouver une colonne vertébrale et des structures indépendantes du pouvoir, ce qui est loin d’être acquis. La démocratie interne ne semble pas étouffer les cadres chargés de la mise en place, au point de déclencher une action en justice de certains adhérents du mouvement, qui se sentent dépossédés. L’avenir nous dira si ces petits signes sont précurseurs de soucis plus sérieux, quand les Français qui le peuvent auront fini de lézarder au soleil.
Commentaires
signé :une petite cigale qui ne peut plus chanter