Confiance ou moralisation ?
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 27 juillet 2017 11:05
- Écrit par Claude Séné
Les mots ont un sens. Ce n’est pas un hasard si la loi promise à François Bayrou par Emmanuel Macron pour s’assurer de son soutien à l’élection présidentielle devait s’appeler loi de moralisation de la vie publique et qu’elle s’est transformée en loi rétablissant la confiance dans l’action publique. De là à suggérer que la morale est un objectif inatteignable, il n’y a qu’un pas. C’est d’autant plus regrettable que la confiance ne se décrète pas, elle se mérite. Et cette ambition ne semble pas se rapprocher au vu des débats qui ont commencé dans les deux assemblées.
Première constatation, les députés de la nouvelle majorité sont largement inexpérimentés comme ils le reconnaissent eux-mêmes, et la clarté des débats s’en ressent, menés par des présidents de séance qui ne maitrisent pas leur sujet. Dans cette confusion générale, bien malin qui pourra dire ce qui sortira de ces débats houleux, où chacun tire à hue et à dia sans qu’aucune ligne claire ressorte. On sait bien qu’au bout du compte la majorité votera comme un seul homme en faveur du gouvernement, mais la montagne aura d’ici là accouché d’une souris, en vidant la loi de la plupart des mesures vraiment coercitives. Deux dispositions ont notamment déjà disparu : le casier judiciaire et la réserve parlementaire.
Il paraissait très simple d’exiger un casier judiciaire vierge pour pouvoir être candidat à un poste électif ou exercer un ministère public. On pouvait même penser que c’est un minimum, comme être croyant pour devenir pape, par exemple. Eh bien, non. Il parait que ce serait une discrimination inacceptable que le Conseil constitutionnel aurait refusée au nom de la rupture d’égalité entre les citoyens. On rêve. Et des écarts de revenus de 1 à 100 000 ce n’est pas anticonstitutionnel ? Quant à la réserve parlementaire, ces crédits distribués à la discrétion des députés et des sénateurs à leur clientèle électorale, véritable pousse-au-crime pour des pratiques de favoritisme, était-ce trop compliqué de les reverser à des organismes indépendants ou de les supprimer purement et simplement ? Quelle différence avec la pratique frauduleuse d’un Dassault qui distribue son argent personnel pour acheter des voix ?
À côté de cela, des mesurettes seront prises pour éviter les cas trop criants de conflits d’intérêts, mais assortis de conditions et de dérogations propres à en supprimer toute efficacité. Il y a bien des chances que la « république en marche » finisse par adopter une coquille vide que les malhonnêtes n’auront aucun mal à contourner. Et cela au moment même où les époux Balkany vont finir par être rattrapés par la patrouille pour être enfin jugés pour fraude fiscale.