Du vieux avec du neuf
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 8 juillet 2017 10:11
- Écrit par Claude Séné
C’est la promesse toujours renouvelée et jamais tenue des élections en France d’aussi loin que ma mémoire et les archives peuvent remonter. Depuis toujours, la stratégie du changement, parfois assorti de la continuité, a permis de se faire élire en surfant sur l’insatisfaction générée par le mandat précédent, y compris quand le futur faisait partie du passé. Nous en voyons une nouvelle illustration avec le nouveau pouvoir, dont le label a suffi pour donner un gage de réussite à ses représentants.
À part une question d’habillage, que voyons-nous de si novateur dans ce régime ? Une cascade d’annonces sur des sujets variés, dont peu seront effectives dans l’année qui vient. Et pour cause. Presque chaque mesure porte en germe une contestation sociale potentielle. À part peut-être le matraquage habituel des fonctionnaires, victimes expiatoires désignées à la vindicte populaire. Et il est bien connu, en politique comme ailleurs que l’on ne peut pas être fâché avec tout le monde, en tout cas, pas en même temps, pour reprendre l’expression fétiche du président. Pour l’instant, c’est encore le beau fixe, mais nous verrons ce qu’il en est par gros temps, quand les Bonnets rouges et autres contestataires verront le retour des mesures qui font mal. Ce sera plus difficile que de faire le joli cœur en prenant des décisions consensuelles aux Invalides. Sans rentrer dans le détail, les vieilles recettes vont encore faire bouillir la marmite : les services de l’état vont s’amenuiser et les collectivités locales prendront le relai bon gré mal gré en augmentant la fiscalité ou en coupant dans les dépenses, notamment culturelles.
Les Français escomptaient une République exemplaire avec le renouvellement du personnel politique. Quelques têtes sont tombées, c’est vrai, mais Richard Ferrand a obtenu une promotion sous forme de sanction en devenant président du groupe parlementaire LREM à l’Assemblée, et la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, est embourbée dans une affaire de favoritisme remontant à son activité dans France Business pour promouvoir le ministre de l’Économie de l’époque, aujourd’hui président. Renonçant par avance à éteindre tous les incendies prévisibles, Emmanuel Macron a d’ailleurs appelé à la retenue et à arrêter les « chasses à l’homme ». En attendant, un nouveau scandale touche encore un de ses proches, le père d’un ami du président, condamné à un million d’euros d’amende pour la construction illégale de deux luxueuses villas au-dessus du site protégé de Rondinara en Corse. Une mesure apparemment sévère, mais en réalité clémente, si l’on songe à ce qu’aurait coûté la démolition de ces bâtiments, réclamée par les associations de défense du littoral. Du neuf sous le soleil ? Vraiment ?