La beauté

ne se mange pas en salade disait ma mère qui ne manquait pas de bon sens…

L’ouverture de la copie de la grotte de Lascaux et le concours de miss France, deux témoignages de la diversité de ce concept m’ont ramenée plus de 50 ans en arrière. J’avais pour mission de le faire découvrir à une classe de cours préparatoire. Le challenge était difficile, j’avais choisi alors sur un fond musical de Mozart, de faire défiler des diapos sur les peintures rupestres de Lascaux ! Le silence presque religieux des enfants lors de cette projection, puis leurs commentaires enthousiastes et leurs émotions m’ont fait comprendre qu’ils avaient saisi cette idée du beau, bien loin des critères actuels de notre société de consommation qui nous vend de la beauté artificielle à tour de bras.

La beauté n’existe qu’à partir du regard que l’on pose sur le monde, elle nous est révélée à partir d’une expérience sensorielle ou intellectuelle et nous procure une sensation de plaisir, elle peut être partagée ou très personnelle mais elle est très largement culturelle, on l’apprécie largement dans toutes les formes d’art.  En matière de beauté humaine, ses critères physiques évoluent, et l’on peut trouver beaux les mannequins filiformes puis quelques années plus tard décider que les gros seins et les grosses fesses des Kim Kardashian et consorts deviendraient des canons. Au regard de la seule plastique, la beauté est éphémère, rappelons-nous Ronsard et sa mignonne qui l’envoyait sur les roses, oublieuse de la fragilité de sa séduction, aussi bien que de la chanson de Quenaud « si tu t’imagines fillette, xa va xa va xa va  durer toujours …», mais comme on ne voit bien qu’avec le cœur, rien n’empêche de trouver les rides d’un visage aimé !

Les enfants apprennent l’importance de la beauté à travers les contes, de Blanche Neige à Cendrillon, toutes les princesses et les princes sont beaux, quand ils ne le sont pas, c’est parce qu’ils ont été frappés par un  maléfice que l’amour pourra déjouer, comme dans la Belle et la bête. Un exemple à retenir, pour ceux qui déprécient leur apparence, jusqu’à pour certains développer des complexes aux conséquences parfois durables. Un exemple aussi qui illustre la phrase de ma mère, et qui leur fait comprendre qu’il existe des beautés cachées, celles du cœur et de l’âme, sûrement plus essentielles.

Si je devais me retrouver aujourd’hui devant le même public qu’il y a 50 ans, je pense que je reprendrai les mêmes images, mais pour montrer qu’il existe encore possible une émotion esthétique pure au-delà de tout arsenal mercantile qui déforme notre vision du beau, encourageant chacun à retrouver le chemin du plaisir esthétique simple.

En ce jour de Noël, ce sera mon cadeau que de déposer dans vos souliers, un regard pour toutes les beautés du monde réelles, virtuelles ou morales, histoire d’oublier un moment toutes ses laideurs.

L’invitée du dimanche