I am your fan
- Détails
- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 11 novembre 2016 10:10
- Écrit par Claude Séné
« Dieu est mort, Marx est mort, et moi-même, je ne me sens pas très bien », disait Woody Allen. J’ai appris avec tristesse la mort de Léonard Cohen dont les chansons ont accompagné toute une période de ma vie, mais, je vous rassure, Françoise Hardy se porte bien. Les chroniques nécrologiques ont généralement le défaut de dresser un portrait flatteur du défunt, en ne retenant que ses qualités réelles ou supposées et en passant sous silence ses éventuels défauts. Pas de cette hypocrisie dans les propos qu’a tenus Françoise Hardy au sujet du chanteur, musicien et poète canadien disparu la nuit dernière.
Il est vrai que l’ex-icône des yéyés fait autorité et peut se permettre de jouer les arbitres de l’élégance sur un autre artiste à qui elle a fait l’insigne honneur de reprendre une chanson, une petite chose diffusée à quelques millions d’exemplaires intitulée « Suzanne » et dont la notoriété semblerait, à l’entendre, tout lui devoir. Elle concèdera également, du bout des lèvres, que « Marianne » et « Hallelujah », des succès mondiaux repris par les plus grands interprètes, sont « de bonnes chansons ». Excusez du peu. Il est vrai que quelqu’un qui a écrit « Tous les garçons et les filles » est la mieux placée pour juger de la pertinence des textes d’un poète dont beaucoup pensent qu’il avait plus de titres à recevoir le prix Nobel de littérature que Bob Dylan, à qui il a été décerné.
Bon, j’ai l’air de critiquer Françoise Hardy dont l’enflure des chevilles n’a d’égale que la taille de son melon, mais il faut la comprendre. Mettez-vous un peu à sa place. Elle était invitée par France inter pour faire la promotion de son dernier opuscule, qui raconte une partie de sa vie et la maladie qui l’a frappée, et voilà que cet imbécile de Léonard Cohen trouve le moyen de casser sa pipe justement cette nuit. Un cancer contre une mort, ça ne fait pas le poids. En plus, c’est un chanteur, pas moyen de faire l’impasse. Bien obligée de dire quelque chose. De faire le service (funèbre) minimum. Très bien, vous l’aurez voulu, je me lâche. Attention, je suis une rebelle, moi, je ne bêle pas avec les loups. Et au passage, je me paye les jeunes auteurs, dont je ne retiens qu’une chanson par-ci par-là digne de figurer dans ma discographie, car je suis très exigeante sur les mélodies. On la comprend. Quand on ne possède comme elle qu’un filet de voix, tout repose sur son grain et son charme discret, des matières éminemment volatiles. On me permettra de préférer le timbre rugueux et puissant du grand Léonard.
Commentaires
en tout cas j'économiserai le prix d'achat de son dernier opuscule, mais peut-être que je lui enverrai mes après-skis pointure 39pour loger ses chevilles.