Aggiornamento
- Détails
- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 25 octobre 2016 10:23
- Écrit par Claude Séné
Au sens premier, l’aggiornamento a désigné la mise à jour de la doctrine catholique au cours du concile Vatican II initié par le pape jean XXIII et qui s’est traduit par une modernisation du rite et une certaine libéralisation des idées. Par extension, de nombreux politologues et observateurs de la vie politique française poussent régulièrement le parti socialiste à réaliser une opération similaire en adoptant officiellement une doctrine purement social-démocrate, abandonnant toute référence au marxisme et à la lutte des classes. Selon ces bonnes âmes, ce serait la seule façon pour la gauche de trouver la crédibilité nécessaire à l’exercice du pouvoir.
La référence absolue de ces bons apôtres, c’est le congrès de Bad Godesberg qui consacra la ligne réformiste du Parti social-démocrate d’Allemagne en 1959. L’originalité du parti socialiste en France c’est de réunir ce que l’on appelle parfois les deux gauches et de faire coexister les héritiers de Jaurès et les tenants d’une société libérale. Cet équilibre instable est en passe d’être rompu avec la ligne de Manuel Valls ou d’Emmanuel Macron, qui seraient prêts à changer le nom de leur parti pour en gommer définitivement le socialisme, opposée à celle des frondeurs qui contestent cette dérive vers un social-libéralisme. Les tenants du modernisme estiment que c’est de cette transformation que dépend la survie de leur formation politique. Les évènements récents semblent leur donner tort.
Dans la plupart des pays européens, cette ligne est en recul, voire en échec. Le Parti socialiste ouvrier espagnol, très concurrencé par le mouvement Podemos, vient de se résoudre à laisser les conservateurs de Mariano Rajoy former un gouvernement minoritaire. Le SPD est phagocyté par la chancelière Angela Merkel et ne pèse guère dans les décisions du gouvernement de coalition. Les travaillistes anglais sont en plein marasme dans leur cure d’opposition partie pour durer après l’expérience du blairisme marquée par très peu d’avancées sociales. En Italie, Matteo Renzi incarne le centre gauche dont rêve l’intelligentsia évoquée plus haut en France, mais sa ligne est menacée à la fois par le mouvement populiste cinq étoiles de Beppe Grillo et l’adversaire traditionnel de la démocratie chrétienne longtemps représentée par Silvio Berlusconi, aujourd’hui à la tête du Peuple de la liberté. Autant de raisons de douter qu’une évolution du PS vers une position plus à droite serait de nature à lui permettre de reconquérir un électorat largement déçu aujourd’hui. Quitte à être battu, comme tout le laisse penser, autant l’être sur ses valeurs, plutôt qu’en adoptant le discours, les postures et les positions de ses adversaires présumés. Cela du moins aurait un certain panache.