Quoi de neuf sur Robert ?
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 24 octobre 2016 10:59
- Écrit par Claude Séné
Robert qui ? Robert Zimmermann, bien sûr, alias Bob Dylan. Voilà maintenant plus d’une semaine que l’académie suédoise lui a décerné le prix Nobel de littérature et l’on ne sait toujours pas si le chanteur viendra recevoir sa récompense le 10 décembre à l’Académie royale de Stockholm. C’est à peine si l’on sait qu’il est informé de cette distinction, à laquelle il n’a pas réagi officiellement ni officieusement. C’est silence radio sur toutes les fréquences, malgré les tentatives répétées des Nobel de prise de contact. Au point que son mutisme finit par être interprété comme une marque d’arrogance.
Pour être franc, j’ai beau adorer la plus grande partie des chansons de Dylan, le personnage ne m’apparaît pas très sympathique. J’ai souvenir d’avoir cassé ma tirelire dans les années 80 pour aller le voir et l’entendre chanter dans le stade Marcel Saupin à Nantes où il se produisait en compagnie de Joan Baez et de Carlos Santana. Quelle ne fut pas ma déception ! si les deux derniers cités ont fait le job, et même au-delà pour Santana dont les riffs de guitare m’ont paru parfois interminables, le roi de la pop et du folk s’est contenté du minimum syndical, et encore. Tout Dylan qu’il soit, le respect du public, entièrement acquis à sa cause, aurait dû l’inciter à ne pas bâcler sa prestation, comme il l’a fait ce jour-là, se permettant de quitter la scène au milieu des morceaux et laissant l’orchestre se débrouiller sans lui. Dylan a passé toute sa carrière à aller là où ses fans ne l’attendaient pas. Il s’est fait connaître par des chansons engagées de protestation contre la guerre du Vietnam. Aussitôt, il prend son public à contrepied en se tournant vers le folk, puis le rock avant de revenir à des influences country, jazz ou blues, refusant d’être le porte-parole de sa génération.
Il ne serait donc pas étonnant qu’il snobe aussi l’Académie suédoise, sans forcément aller jusqu’à refuser le prix, une façon de démontrer son orgueil plus qu’une quelconque humilité. Il pourrait cependant se poser la question, tout comme moi et un certain nombre de critiques plus prestigieux, de la pertinence de cette récompense. Serge Gainsbourg, peintre frustré, considérait la chanson comme un art mineur, un art qu’il avait cependant poussé à un haut niveau. Pour riches qu’elles soient, résultat d’une alchimie entre les textes et la musique, les chansons ne me semblent pas constituer à elles seules une œuvre littéraire. Ce ne sont pas les écrivains qui manquent qui auraient pu légitimement prétendre à cette reconnaissance, avant de consacrer l’homme au tambourin.